Le bilan du tsunami qui a frappé les côtes des îles indonésiennes de Java et de Sumatra après une éruption du volcan Anak Krakatoa s'est alourdi lundi à 429 morts et près de 1500 de blessés.
Des équipes de secouristes munis d'excavatrices et d'autres équipements lourds tentaient de dégager les débris, d'autres travaillaient à mains nues. Des milliers de personnes ont été évacuées sur les hauteurs.
Les autorités, qui n'ont toujours pas déterminé la cause exacte de la catastrophe, craignent une nouvelle déferlante. Le ministre des Travaux publics, Basuki Hadimuljono, a indiqué que les opérations de secours se poursuivraient mais devraient s'arrêter "au premier signe de forte marée".
Le président Joko Widodo devait se rendre dans les zones sinistrées plus tard dans la journée de lundi.
Un tsunami volcanique
Selon des scientifiques, qui se basent sur des images capturées par le satellite Sentinel-1 de l'Agence spatiale européenne (ESA), une partie importante du flan sud de l'île a glissé vers l'océan peu avant le tsunami (écouter le décryptage de Natacha Van Cutsem ci-dessus).
"Le glissement de terrain sous-marin est la thèse qui prime", explique Sam Taylor Offord, un sismologue à l'institut GNS Science de Wellington, ajoutant néanmoins qu'il était impossible de confirmer cette théorie à cause du manque de données et d'accès aux zones dévastées.
Le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 9,5 a provoqué un tsunami géant qui a tué 226'000 personnes le long des côtes de l'océan Indien, dont plus de 126'000 en Indonésie.
agences/sjaq
Paysage de désolation
La vague a touché les côtes méridionales de Sumatra et l'extrémité occidentale de Java, rasant des centaines de bâtiments. Elle est survenue après l'éruption du volcan connu comme "l'enfant" du légendaire Krakatoa, l'Anak Krakatoa. Arbres déracinés, toits arrachés, morceaux de bois: derrière elle, reste un paysage de désolation. La plage de Carita, destination touristique courue de la côte occidentale de Java, est jonchée de débris.
La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a estimé que les "puissantes vagues" avaient atteint entre 30 et 90 centimètres de haut. Oxfam et d'autres organisations internationales ont annoncé leur aide tandis que les secouristes indonésiens évacuaient les blessés et installaient des bâches pour abriter les survivants.
"Le nombre de victimes va continuer à augmenter", a prédit Sutopo Purwo Nugroho, porte-parole de l'Agence nationale de gestion des catastrophes. "L'armée et la police passent les ruines au peigne fin pour voir s'il y a d'autres victimes", a expliqué Dody Ruswandi, haut responsable de l'Agence. Les opérations de secours devraient durer une semaine.
Volcan déstabilisé
Les tsunamis déclenchés par les éruptions volcaniques, qui provoquent un déplacement d'eau, sont relativement rares. Mais les spécialistes estiment que l'épisode de samedi est dû à l'effondrement sous-marin d'une partie de l'Anak Krakatoa. Ils préviennent aussi que ce phénomène peut se reproduire à présent que le volcan est déstabilisé.
L'Anak s'était formé aux alentours de 1928 dans la caldeira du célèbre Krakatoa, qui avait connu en 1883 un épisode catastrophique dans lequel 36'000 personnes avaient péri. Une immense colonne de fumée, de pierres et de cendres s'était dressée dans le ciel à 20 km de hauteur, plongeant la région dans l'obscurité et déclenchant un puissant tsunami.