Modifié

"Le terroriste Carlos est aujourd'hui un papy bedonnant qui n'a plus de sous"

Carlos le chacal. [RTS / DR]
"Salutations Révolutionnaires, quatre ans de parloir avec Carlos": interview de Sophie Bonnet / Forum / 8 min. / le 27 décembre 2018
La journaliste française Sophie Bonnet a rendu visite en prison durant quatre ans à Ilitch Ramirez Sanchez, dit Carlos, figure du terrorisme "anti-impérialiste" des années 1970-1980. Elle raconte ces rencontres dans un livre.

"C'est l'histoire d'une chute, d'un homme qui encore aujourd'hui continue de rêver sa vie. Il se voyait finir en Che Guevara sublime, sa chute est beaucoup moins romanesque. C'est aujourd'hui un papy bedonnant qui n'a plus de sous et qui mange des Snickers en cachette à la cafétéria du parloir", révèle dans l'émission Forum Sophie Bonnet, qui a rencontré tous les mois le terroriste vénézuélien au centre de détention de Poissy, en France.

Dans son ouvrage, intitulé "Salutations Révolutionnaires, quatre ans de parloir avec Carlos", la journaliste dépeint un homme "manipulateur" et "incroyablement intelligent". "Il y a une espèce de mythe qui s'est créé autour de Carlos, car c'est quelqu'un qui reste dans l'histoire. Il a eu une vie éminemment sanglante, mais aussi romanesque. C'est un personnage de fiction", assure-t-elle.

"Il est persuadé qu'il va sortir de prison"

Carlos, surnommé le "Chacal" et âgé aujourd'hui de 69 ans, est notamment connu pour avoir organisé plusieurs attentats et attaques sanglantes en Europe, dont la fameuse prise d’otages des ministres de l’OPEP à Vienne en 1975.

"Il se pense encore au centre du monde. Il n'a pas perdu la raison. Il est resté l'animal à sang froid qu'il a toujours été. Il est persuadé qu'il va sortir de prison et prendre le pouvoir au Venezuela. Pour lui, sa vie n'est pas finie et le meilleur reste à venir", livre Sophie Bonnet. Carlos a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la justice française.

25 ans derrière les barreaux

"Carlos a une place très particulière en prison, c'est quelqu'un qui est à la fois très seul parce qu'il ne fait partie d'aucune communauté, mais il bénéficie beaucoup du fait d'avoir tué des juifs. C'est quelque chose dont il se vante beaucoup et qui lui vaut une admiration réelle. Il est très respecté par les matons", dévoile l'auteure française.

Sophie Bonnet assure qu'elle ne s'attendait à rien de précis avant ses rencontres avec le criminel. "J'ai lu un article sur sa vie et je me suis demandée ce que pouvait être la vie d'un vieux terroriste, de quelqu'un qui est enfermé depuis 25 ans et que tout le monde pense mort."

Propos recueillis par Thibaut Schaller/gma

Publié Modifié