Avant même son entrée en fonction, Jair Bolsonaro est un président qui a fait beaucoup parler de lui pour ses positions sur l'environnement, les relations internationales, les armes, ainsi que ses propos sexistes ou homophobes. Bon gré mal gré, il a pourtant tenté d'atténuer son image d'extrémiste un peu grossier avec des prises de paroles qui se veulent rassembleuses.
Dans le même temps, l'équipe qu'il a constituée semble confirmer les intentions les plus tranchées de sa campagne, avec un gouvernement d'exécutants de la parole bolsonariste choisis spécifiquement pour leur adéquation avec ses positions ultra-libérales en économie et très à droite pour tout le reste.
Des ministères en "remerciement"
Près d'un tiers des ministères seront dirigés par des personnalités issues de l'armée, un nouveau record, presque autant qu'en 1964 en pleine dictature. Il s'agit également d'un casting qui vise à "remercier" les différents soutiens du candidat Bolsonaro, notamment les milieux religieux.
Ainsi, la nouvelle ministre des Droits humains des femmes et de la famille, Damaris Alves, est une pasteur évangélique qui porte des positions fermement conservatrices et traditionalistes concernant la famille, viscéralement opposée à l'avortement, ainsi qu'à toute discussion sur le genre.
L'agro-alimentaire se rapproche du pouvoir
Malgré son positionnement de conservateur de droite, Jair Bolsonaro a nommé à l'Economie le fameux Paulo Guedes, un adepte de l'ultra-libéralisme, pour qui il y a urgence à sortir le pays de la crise. Il planche déjà sur un immense plan de privatisations des très nombreuses entreprises publiques du pays.
La nouvelle ministre de l'Agriculture, Tereza Cristina, est directement liée aux lobbies de l'agro-alimentaire surpuissants au Brésil. Elle prend la tête d'un ministère qui a toujours été très proche de ces milieux. Tereza Cristina, qui est par ailleurs l'une des rares femmes à accéder à un ministère sous Bolsonaro, s'est notamment battue pour la libéralisation de l'usage des pesticides toxiques. L'objectif du président: zéro entrave à l'agriculture de masse à l'avenir.
Mesures de protection de la nature allégées
Pour cela, Jair Bolsonaro pourra également compter sur l'appui du nouveau ministre de l'Environnement Ricardo Salles, qui dit lui-même ne pas considérer le réchauffement climatique comme une priorité, lui aussi proche des lobbies miniers et agro-alimentaires. Pour le nouveau président, l'Etat brésilien inflige beaucoup trop d'amendes dans la protection des milieux naturels. Le nouveau ministre est donc chargé d'alléger les mesures actuelles de préservation, entourant notamment la forêt amazonienne que le nouveau gouvernement voit comme une immense réserve de ressources inexploitées.
Mais malgré ces zones d'ombre, la cote du nouveau président atteint des records, selon un dernier sondage, plus de 75% de la population se dit très optimiste vis-à-vis du nouveau président qui entame un mandat de 4 ans.
Benjamin Luis/ebz