"Vous avez décidé que vous ne remplaceriez pas vos centrales nucléaires, vous n'avez pas dit par quoi, ou plus exactement, il y a un doute", a déclaré dans La Matinale Jean-Marc Jancovici. "Alors si on peut doubler le nombre de barrages en Suisse, ça va bien question CO2, mais si on remplace (le nucléaire) par des centrales à gaz, les émissions augmenteront. Et si on ne veut pas les augmenter, la sortie du nucléaire n'est pas une voie à suivre..."
A l'heure où Donald Trump s'est retiré de l'accord de Paris, le spécialiste du climat pointe la Suisse du doigt, en rappelant que "l'empreinte carbone d'un Suisse, soit la totalité des émissions qui lui permettent d'avoir les produits et services qu'il utilise, n'est pas très loin des Etats-Unis. Les Suisses utilisent beaucoup l'avion et ils achètent beaucoup de produits qu'ils ne peuvent pas fabriquer chez eux."
"Choisir ou subir la décroissance"
Membre du récent Haut conseil français pour le climat, il note aussi "qu'en Europe et dans la zone de l'OCDE de manière plus large, depuis 2007, on a déjà commencé à observer un ralentissement très fort lié à la difficulté croissante d'approvisionnement en matière première."
Partant de ce constat, il convient qu'il est très difficile d'être à la fois "pro planète et pro business". "Aujourd'hui, quand on fait croître les indicateurs économiques, nulle part on ne compte le fait qu'on va consommer une partie de la planète Terre. Alors la décroissance on va l'avoir de toute façon, la seule question c'est: est-ce qu'on la choisit ou est-ce qu'on la subit?"
Propos recueillis par Yann Amedro
Adaptation web: Lara Gross
Haut conseil français pour le climat, "un effet de façade"
Jean-Marc Jancovici se doute que tous ne sautent pas de joie à l'idée qu'une des solutions soit la décroissance. "Il n'y a pas de solutions faciles en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique, si c'était facile ça fait longtemps que le problème serait réglé!"
Le gouvernement d'Emmanuel Macron a créé il y a quelques semaines le Haut conseil français pour le climat, en pleine crise des "gilets jaunes". "Pour le moment le texte qui doit préciser exactement notre action n'est pas encore sorti, on sait qu'on attend de nous de donner un avis."
Cette commission donne-t-elle une bonne conscience écologique au gouvernement français? "Il y aura nécessairement un peu de ça, la création de cette instance relève de l'effet de façade, mais c'est ce qu'on arrivera à en faire qui compte, notamment la portée médiatique de nos avis."