Sauvés le 22 décembre dernier en Méditerranée par le Sea Watch 3, un bateau d'une ONG allemande, 32 migrants sont toujours bloqués à bord en attendant que l'Europe leur permette d'accoster. Pour l'heure, Malte a simplement accepté que l'embarcation s'abrite près de ses côtes pour fuir les mauvaises conditions météo.
Le Sea Eye, le bateau d'une autre ONG, est lui aussi à l'arrêt près des mêmes côtes maltaises avec 17 migrants à bord, tous sauvés le 29 décembre. Eux aussi doivent patienter en mer, en plein hiver.
"C'est comme une prison"
Joint à bord par la RTS, l'équipage confie que certains des passagers, parmi lesquels quatre femmes et trois enfants, sont de plus en plus désespérés et se sentent abandonnés. Les migrants, qui arrivent d'Egypte, de Côte d'Ivoire, du Niger ou du Mali, doivent s'entasser dans un espace de 30 mètres carrés et les conditions d’hygiène de base ne sont pas réunies.
Et le temps est très mauvais. Les trois quarts des migrants souffrent du mal de mer et le niveau de stress est très haut. Désespéré, un migrant a même tenté de rejoindre la côte maltaise à la nage et a pu être sauvé in extremis. "Nous ne pouvons pas bouger, c'est comme une prison", a déclaré un migrant dans une vidéo diffusée par l'ONG Sea Eye.
L’état psychologique des migrants ne cesse de se détériorer et certains refusent désormais de s’alimenter. Le personnel qui s'occupe d'eux se dit aussi exténué.
Eviter de créer un précédent
Selon une source diplomatique européenne, l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Portugal et Malte se sont dits prêts à accueillir une partie de ces migrants. De même que la Roumanie, qui assure la présidence tournante de l'UE et a accepté à ce titre d'en recevoir cinq.
Mais aucun accord n'a encore été trouvé pour qu'ils débarquent à Malte. Le Premier ministre maltais Joseph Muscat a expliqué dimanche qu'il voulait éviter de créer un "précédent". Ce petit pays méditerranéen de 450'000 habitants, situé non loin de la Libye, craint de devenir la principale porte d'entrée des migrants en Europe maintenant que l'Italie refuse ce statut.
Dimanche, le pape François avait lancé un "appel pressant aux dirigeants européens afin qu'ils fassent preuve de solidarité concrète à l'égard" de ces 49 migrants.
Maurine Mercier/boi avec afp