La RDC, plus grand pays d'Afrique sub-saharienne, vit une double situation historique. C'est la première fois qu'un opposant est proclamé vainqueur d'une élection présidentielle après les deux élections de Joseph Kabila en 2006 et 2011.
C'était aussi la première fois que le président sortant acceptait de se retirer sous la pression de la Constitution et non des armes. Joseph Kabila ne pouvait pas briguer un troisième mandat. L'élection présidentielle avait été trois fois reportée depuis fin 2016.
"Putsch électoral" dénoncé
Au terme d'une très longue attente, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a déclaré Félix Tshisekedi vainqueur avec 38,57% des voix, devant l'autre tête de l'opposition divisée, Martin Fayulu, avec 34,8%. Celui-ci a aussitôt contesté le résultat et dénoncé un "putsch électoral".
Dans l'émission Forum de la RTS, jeudi soir, il a qualifié la Ceni de "commission fabriquée, inféodée à Kabila".
Ces résultats provisoires "ne correspondent pas" aux données collectées par les observateurs de l'Église catholique, a d'ailleurs déclaré la conférence épiscopale, qui affirme avoir déployé 40'000 observateurs au scrutin du 30 décembre, sans donner le nom du candidat qu'elle estime vainqueur.
"Il semble bien que les résultats proclamés ne soient pas conformes aux résultats que l'on a pu constater ici ou là", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur la chaîne d'information CNEWS. Paris estime que Martin Fayulu est "a priori" le vainqueur.
Le dauphin du pouvoir sortant, l'ex-ministre de l'Intérieur sous sanctions de l'Union européenne Emmanuel Ramazani Shadary, n'arrive qu'en troisième position avec 23,8%. Les 18 autres candidats font des scores anecdotiques.
La Cour constitutionnelle doit publier les résultats définitifs d'ici le 15 janvier, selon l'actuel calendrier électoral qui a pris trois jours de retard. La prestation de serment du nouveau président élu pour un mandat de cinq ans est prévu le 18 janvier.
Soutiens à trouver pour le nouveau président
S'il est confirmé, le nouveau président devra disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale pour gouverner. Les élections législatives et provinciales ont eu lieu le même jour que la présidentielle le dimanche 30 décembre.
Le nouveau président issu de l'opposition devra aussi composer avec les forces de sécurité acquises au président Kabila et avec les milieux économiques.
Avec deux ans de retard, le président Kabila avait accepté de se retirer, contraint par la Constitution qui lui interdisait un troisième mandat de cinq ans. Il est au pouvoir depuis l'assassinat de son père et prédécesseur le 16 janvier 2001.
ats/cab
Main tendue au président Kabila
Dans sa première prise de parole, Félix Tshisekedi a rendu hommage au président sortant Joseph Kabila : "Aujourd'hui, nous ne devons plus le considérer comme un adversaire mais plutôt comme un partenaire de l'alternance démocratique dans notre pays".
"Je suis heureux pour vous, peuple congolais. Ce processus tout le monde pensait qu'il allait déboucher sur les affrontements et les violences, à l'effusion de sang", a dit Flélix Tshisekedi.
"Personne ne pouvait imaginer un tel scenario au cours du quel un candidat d'opposition allait sortir victorieux", a-t-il ajouté.