Dans cette lettre de plus de deux mille mots, Emmanuel Macron précise que des réunions seront organisées "dans les villages, dans les bourgs, dans les quartiers". Autrement dit, au cœur de ce qu'on appelle parfois la France périphérique, et qui a largement fourni les cortèges des "gilets jaunes". Les contributions par internet seront aussi possibles, annonce le président français.
Dans sa longue lettre, il exhorte d'ailleurs chacun à s'investir dans ces discussions, à montrer que le peuple français n'a pas "peur d'échanger".
Une grande consultation jusqu'à mi-mars
L'importance de la participation à ce débat sera bien sûr un élément-clé de sa réussite; plusieurs partis d'opposition ont déjà fait part de leur scepticisme, et les principales figures des "gilets jaunes" ont décliné toute participation à cette initiative, qui est vue comme un piège pour diluer le mouvement.
Cette grande consultation est prévue pour durer jusqu'à la mi-mars, c'est à dire trois mois. Elle permettra de "bâtir un nouveau contrat pour la nation", assure Emmanuel Macron, qui promet de venir en rendre compte au plus tard un mois après la fin du débat. Mais il ne dit pas comment seront retenues ou pas certaines propositions.
Pas de questions interdites...
Il n'y a pas de questions interdites, écrit Emmanuel Macron. Comme une réponse à ceux qui dénoncent un débat joué d'avance. Pas de questions interdites, mais dans cette lettre, le chef de l’État balise tout de même les sujets en donnant des exemples de questions.
"Quels impôts faut-il à vos yeux BAISSER en priorité?"
"Quelles propositions pour accélérer la transition environnementale?"
Les interrogations concernent l'économie, l'organisation de l’État, l'écologie, mais aussi les institutions: Faut-il rendre le vote obligatoire ? Comptabiliser le vote blanc? s'interroge Emmanuel Macron. Dans cette lettre, il évoque aussi l'immigration, avec cette question: faut-il des objectifs annuels fixés par le parlement
... mais des lignes rouges
Le président trace tout de même quelques lignes rouges: pas question de remettre en cause le droit d'asile. Exclu également un retour de l'impôt sur la fortune, retour demandé par de nombreux "gilets jaunes". Emmanuel Macron, sans citer cet impôt, assume sa décision, afin écrit-il "d'encourager l'investissement".
C'est donc un exercice difficile auquel se livre le président français: susciter l'envie de participer à ce débat, ne pas trop en cadrer à l'avance les réponses, sans pour autant accepter de détricoter son programme présidentiel.
Frédéric Says/ebz