Le visage de Theresa May est à la Une de plusieurs médias britanniques, qui titrent sur l'''humiliation'' qu'elle a subie mardi soir. Par 432 voix contre 202, la Chambre des Communes a largement refusé l'accord de divorce. ''Je trouve le mot ''humilation'' particulièrement fort'', estime Moya Jones, spécialiste des civilisations britanniques. La Première ministre doit composer avec de multiples partis pris. ''Les Ecossais veulent son départ et renégocier une indépendance potentielle. Les travaillistes qui souhaitent des élections législatives ont l'espoir de voir leur chef Jeremy Corbyn entrer au poste de Premier ministre. Et les députés sont tiraillés entre leurs propres sentiments et le devoir de représenter les électeurs.''
L'issue du vote plonge le Royaume-Uni dans l'incertitude. ''Le problème, c'est aussi que les opposants aux plans de Theresa May ne proposent pas d'alternative. Le parti travailliste en premier.''
''Une femme qui ne se laisse pas faire''
Moya Jones ne croit pas à une démission. ''Elle a acquis énormément de respect en Grande-Bretagne, où on admire sa détermination. C'est une femme qui ne se laisse pas faire. D'autres disent qu'elle manque d'imagination et poursuit sur un chemin qui doit être revu.''
Après ce vote historique, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a appelé le Royaume-Uni à ''clarifier ses intentions dès que possible.'' Pour l'heure, ''selon un amendement, elle est censée présenter un plan B, répond Moya Jones. Cela signifierait devoir repartir à Bruxelles pour une nouvelle négociation avec les 27 pays de l'Union européenne, alors qu'ils ne sont pas disposés à le faire.''
La situation actuelle ouvre la porte à un éventuel référendum. ''C'est un sujet tellement complexe que personne ne sait ce qu'il va se passer'', analyse Moya Jones.
Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Alexia Nichele
Les réactions fusent en Europe
Le négociateur en chef des Européens, Michel Barnier, a exprimé ses "regrets" de voir le texte rejeté par les députés britanniques, alors qu'il avait été négocié "sur la base des lignes rouges du gouvernement britannique". Il a annoncé une intensification des préparatifs relatifs au scénario d'un "no deal". L'Irlande et la France ont également pris des dispositions en ce sens. Plus rassurante, Angela Merkel a souligné que l'UE avait ''encore le temps de négocier. Mais nous attendons maintenant ce que Theresa May propose.'' Pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le risque d'un Brexit désordonné, à dix semaines de la date fixée pour le divorce, s'est considérablement "accru".