En octobre, le gouvernement du Burundi a demandé aux ONG présentes dans le pays d’appliquer des quotas ethniques pour leur personnel local: 60% de Hutus et 40% de Tutsis. Une mesure calquée sur ce que prévoit la constitution pour l’Assemblée nationale ou certaines administrations.
Comme le Rwanda voisin, la population du Burundi se répartit entre Hutus (85%), Tutsis (14%) et Twas (1%). Depuis les années 1970, le pays connaît régulièrement des épisodes de graves violences inter-ethniques.
Fichage ethnique dangereux
Les quotas ne sont pas censés s’appliquer à la société civile. Plusieurs ONG, dont Handicap International, ont estimé que cette demande allait à l'encontre de leurs principes et ont quitté le pays, craignant un fichage ethnique dangereux. D’autres sont restées en se pliant aux exigences du pouvoir.
"C’est une ligne rouge et clairement il n’était pas question pour nous de la franchir", affirme Jean-Pierre Delomier, directeur de l'action humanitaire de Handicap international.
Le pays est dirigé d’une main de fer par le président Pierre Nkuruziza, un Hutu. Dans un pays fermé aux journalistes étrangers, cette pression sur les ONG lui permet aussi de conforter sa mainmise sur le pays, en écartant ou en intimidant les rares acteurs internationaux qui restent dans le pays.
Tristan Dessert/gma