"Il y a des pays occidentaux qui cherchent à couvrir cette affaire. J'en connais les raisons. Nous savons et voyons quel genre d'accords sont conclus. Nous voyons comment ceux qui parlent de liberté de la presse étouffent désormais cette affaire après avoir vu l'argent", a déclaré lundi Mevlut Cavusoglu dans un discours rapporté par l'agence de presse officielle Anatolie.
"Nous irons cependant jusqu'au bout", a-t-il poursuivi. "Nous avons fait des préparatifs en vue de l'ouverture d'une enquête internationale dans les prochains jours et nous allons prendre les mesures nécessaires."
Alliance stratégique
Après avoir multiplié les déclarations contradictoires sur le sort de Jamal Khashoggi, disparu le 2 octobre au sein du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, les autorités de Ryad ont reconnu qu'il avait été tué et que son corps avait été démembré.
Le journaliste, ancien proche de la famille royale devenu un critique de la politique du prince héritier Mohamed ben Salman, s'était installé aux Etats-Unis où il écrivait notamment pour le Washington Post.
Le Sénat des Etats-Unis, s'appuyant sur les conclusions de la CIA, a adopté le mois dernier une résolution imputant à Mohamed ben Salman la responsabilité de l'assassinat, mais Donald Trump cherche à préserver le prince héritier au nom de l'alliance stratégique entre les deux pays.
Groupe d'enquête conjoint
L'Arabie saoudite a traduit en justice 21 Saoudiens, dont cinq risquent la peine capitale, mais dément toute implication de Mohamed ben Salman. Ankara affirme pour sa part que le meurtre a été ordonné au plus haut niveau.
La Turquie et l'Arabie saoudite ont mis en place un groupe d'enquête conjoint mais on ignore toujours où ont été enfouis les restes du journaliste.
En novembre dernier, en marge du G20 de Buenos Aires, le président français Emmanuel Macron a demandé à Mohamed ben Salman d'associer des experts internationaux à l'enquête, a fait savoir l'Elysée.
reuters/pym