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Thaïlande: la police hausse le ton

Des pèlerins musulmans bloqués à l'aéroport de Bangkok.
Des pèlerins musulmans bloqués à l'aéroport de Bangkok.
La police de Bangkok a sommé vendredi des manifestants de quitter un aéroport où ils sont retranchés, alors qu'un de leurs dirigeants a rejeté toute possibilité de compromis.

"Les manifestants et leurs leaders doivent" évacuer l'aéroport
Don Mueang, "faute de quoi les forces de l'ordre prendront" toutes
les "mesures nécessaires", a affirmé le chef de la police
métropolitaine de Bangkok, le commandant Suchart Mueankaeo, dans un
premier avertissement officiel.

Chef de la police limogé

Cette fermeté affichée tranche avec le discours des autorités
qui ont répété à l'envi qu'elles privilégiaient le dialogue. Le
Premier ministre Somchai Wongsawat a encore réaffirmé vendredi que
tout serait fait pour éviter une confrontation.



Mais, dans le même temps, Somchai Wonsawat a limogé le chef de la
police nationale, le général Patcharawat Wongsuwan, qui avait
refusé à plusieurs reprises de lancer l'assaut contre les
manifestants.



Le commandant adjoint de la police régionale, Piya Sorntrakoon,
avait affirmé plus tôt que les manifestants avaient accepté des
pourparlers, ce que le leader royaliste de "l'Alliance du Peuple
pour la Démocratie" (PAD) a fermement démenti.



"Le Premier ministre m'a contacté aujourd'hui pour négocier. Il
n'y aura pas de négociations. S'ils veulent intervenir, qu'ils
n'hésitent pas", a lancé l'opposant Sondhi Limthongkul qui dit
aussi avoir conseillé à Somchai Wongsawat de "s'exiler en Birmanie
dans les 48 heures".

Affrontement pressenti

Vendredi après-midi, des dizaines de policiers anti-émeutes,
armés de matraques et de boucliers, se sont regroupés aux abords de
l'aéroport Suvarnabhumi. Ils ont établi un périmètre de sécurité
mais n'ont engagé aucune action contre les partisans du (PAD), qui
encerclent toujours le principal terminal de l'aéroport.



De leur côté, les opposants se préparaient à un assaut des forces
de l'ordre et se disaient prêts à mourir plutôt que de quitter les
lieux. "Nous n'avons pas peur de la police car nous aimons notre
pays et nous aimons notre roi. Nous n'avons pas peur de mourir", a
déclaré Toy, un manifestant âgé de 53 ans.



Le Premier ministre a déclaré l'état d'urgence jeudi dans la zone
des deux aéroports, alors que l'hypothèse d'un coup d'Etat se fait
insistante. Dans une allocution à la nation, le chef du
gouvernement a déclaré que la police et certaines unités de l'armée
s'efforceraient de mettre fin au blocage des aéroports qui, a-t-il
dit, nuit gravement à l'économie du pays.

Le Premier ministre reste au nord

Par ailleurs, il a décidé de rester "indéfiniment" à Chiang Mai
(nord) en raison de "tensions" avec l'armée et "pour sa propre
sécurité", selon un porte-parole gouvernemental.



L'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), qui organise depuis
six mois une vaste campagne anti-gouvernementale, a refusé de céder
et promet une épreuve de force. Des "gardes de sécurité" de la PAD,
armés de bâtons et de barres de fer, étaient postés sur des
barricades interdisant l'entrée de l'aéroport international
Suvarnabhumi, où près de 15 millions de personnes transitent chaque
année.



agences/cht/jeh

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Les touristes partent au compte-gouttes

Des touristes frustrés, qui s'étaient retrouvés piégés en Thaïlande du fait de l'occupation des deux aéroports de Bangkok, ont commencé à quitter au compte-gouttes le "Pays des Sourires" depuis une base militaire dans le sud-est.

Depuis mardi, des milliers d'étrangers sont bloqués en Thaïlande et, jeudi, les autorités de l'aviation civile ont autorisé des compagnies aériennes à utiliser la piste de la base navale d'U-Tapao, à 190 kilomètres au sud-est de Bangkok, pour des opérations prioritaires.

"Hier (jeudi), il y a eu environ 20 vols, parce que la plupart des compagnies aériennes ne savaient pas qu'U-Tapao avait été ouverte", a expliqué un responsable du département de l'aviation civile thaïlandaise. "Aujourd'hui (vendredi), environ 40 vols vont arriver et partir d'U-Tapao", a-t-il précisé.

Ce même responsable a ajouté que la plupart des compagnies aériennes qui avaient demandé à utiliser U-Tapao émanaient d'Asie et du Moyen-Orient.

En raison de la confusion engendrée par l'aggravation de la crise politique thaïlandaise, les autorités du pays n'ont pas été en mesure d'évaluer ni le nombre exact de touristes ayant déjà quitté la Thaïlande, ni la manière dont elles réussiront à évacuer rapidement des dizaines de milliers de passagers n'ayant pu prendre leur vol depuis le début de la semaine.

Au moins 180 Suisses bloqués

Quelque 90'000 voyageurs sont immobilisés en Thaïlande en raison du blocus des aéroports de Bangkok par les opposants au gouvernement, selon les autorités.

Au moins 180 Suisses figurent parmi eux, ont indiqué vendredi les principaux voyagistes.

Sur son site de conseils aux voyageurs, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) déconseille désormais les voyages sur Bangkok "jusqu'à nouvel ordre".

Le voyagiste M-Travel (Hotelplan, Globus Voyages, ESCO, Wettstein...) comptabilisait vendredi une centaine de clients immobilisés depuis mardi.

Vingt ont pu quitter le pays via l'aéroport de l'île de Phuket, a indiqué une porte-parole à l'ATS.

Kuoni s'efforçait également d'évacuer 40 clients suisses du pays par cet aéroport.

Ces voyageurs se sont vu offert de prendre place samedi à bord d'un charter pour Zurich.

Les 62 clients de Vögele étaient aussi acheminés vendredi par bus vers Phuket, a indiqué TUI Suisse.

L'assureur-voyage Elvia affrétera également un charter pour rapatrier les clients des voyagistes suisses.

L'avion devrait se poser dans la nuit de samedi à dimanche sur la base d'U-Tapao