Nikol Pashinian se balade dans les couloirs du WEF, suivi de son importante délégation, paré d'un costume qui colle à sa nouvelle fonction de Premier ministre.
Il y a quelques mois, c'est en habits militaires, casquette et sac à dos que ce même homme, ex-journaliste, haranguait les foules dans la capitale arménienne Erevan.
Le mouvement populaire, surnommé "révolution de velours" en raison de son déroulement non-violent, l'a propulsé au rang de Premier ministre en décembre dernier.
>> Lire aussi : Le chef de l'opposition arménienne Nikol Pachinian élu Premier ministre
Passé de chef de l'opposition à chef du gouvernement, Nikol Pachinian confie à la RTS être resté le même homme: "Je me considère comme un employé du peuple. Tant qu'il est satisfait, je poursuis ma mission. Lorsqu'il décidera de me virer de cette fonction, je retournerai peut-être à mon métier de journaliste, ou j'écrirai des livres."
De la révolution politique à une réforme de l'économie
Sa mission, comme il l'appelle, a d'abord été de "libérer l'Arménie d'un système de corruption". Cette étape-clé franchie, Nikol Pachinian imagine pour son pays une "révolution économique".
D'où sa présence au Forum économique mondial de Davos fin janvier, et plus largement en Suisse, où il a rencontré entrepreneurs suisses et diaspora arménienne.
Mais tout ne viendra pas du gouvernement, avertit le Premier ministre. Tout comme pour la révolution politique, Nikol Pachinian compte sur l'implication de son peuple. "Les citoyens savent qu'ils ont un rôle concret à jouer. La seule différence, maintenant, c'est qu'on a besoin d'attirer des investisseurs."
Balancier entre Russie et Europe
Mais, pour l'Arménie, ex-Etat soviétique situé entre Orient et Occident, comment développer des liens économiques et politiques avec l'Europe sans froisser l'important allié russe? Tout semble être une question d'équilibre.
"Nous faisons partie de l'Union économique eurasiatique (UEEA), qui est un marché très important pour notre pays. Mais l'Arménie a aussi des accords avec l'Union européenne, et ce n'est pas incompatible", estime Nikol Pachinian.
"Nos liens avec la Russie sont importants pour l'économie et la sécurité, mais notre relation avec l'Union européenne nous permet de réformer notre système politique, judiciaire et de faire évoluer notre société, de la rendre plus compétitive."
Le Premier ministre arménien doit cependant veiller à ne pas rompre l'équilibre. Pas question par exemple de rejoindre l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique nord).
"Nous n'envisageons pas de rejoindre cette organisation. Nous coopérons déjà avec des pays qui en font partie, notamment pour des missions de maintien de la paix au Kosovo, en Afghanistan et bientôt au Liban. Ces collaborations vont se poursuivre et se développer, parce que nous connaissons la vraie valeur de la paix."
Entretien radio: Céline Tzaud
Développement web: Mouna Hussain