"Nous n'offrons pas de renégociation" de l'accord conclu à l'automne dernier, a déclaré le Premier ministre irlandais Leo Varadkar devant la Chambre basse du Parlement irlandais, au lendemain du vote par les députés britanniques d'un amendement favorable à de nouveaux pourparlers, en particulier sur la question de la frontière irlandaise.
Mardi soir, les députés britanniques ont adopté un amendement demandant à trouver des "arrangements alternatifs" aux dispositions relatives au controversé "filet de sécurité" ("backstop"), visant à éviter le retour d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, alors que celle-ci est devenue quasiment invisible depuis 1998.
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Le noeud irlandais
L'Irlande possède la seule frontière terrestre de l'Union européenne avec le Royaume-Uni. C'est le pays qui souffrirait le plus d'une sortie britannique sans accord de l'Union européenne. Economiquement, mais aussi politiquement. Car les accords du Vendredi saint en 1998 ont à la fois mis fin à trois décennies de guerre civile entre unionistes et républicains ainsi qu'aux contrôles le long de cette frontière de 500 kilomètres.
Le "backstop" prévoit une union douanière minimale et accorde un statut particulier à l'Irlande du Nord si aucune solution n’est trouvée pour éviter le rétablissement d'une frontière physique à la fin de la période de transition prévue pour le Brexit, en juillet 2020. Au Parlement britannique, les unionistes critiquent un mécanisme qui forcerait l'Irlande du Nord à rester alignée sur les règlements européens, alors que les partisans d'un Brexit dénoncent une ingérence européenne insupportable.
La Première ministre espère pouvoir présenter le 13 février prochain un accord amendé aux parlementaires britanniques. Si ce n'est pas possible, les députés se prononceront le 14 février sur la marche à suivre. La date fixée pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE est fixée au 29 mars.
agences/cab
Européens peu enclins à renégocier
Theresa May a été forcée de reconnaître qu'il n'y avait à Bruxelles qu'"un appétit limité" en faveur d'une modification de l'accord et a averti que la négociation ne serait pas facile. Le Conseil européen entend rester inflexible, rappelant que l'accord signé il y a deux mois était non négociable. "Nous savons depuis hier ce que ne veut pas le Royaume-Uni. Mais nous ne savons toujours pas ce qu'il veut", a écrit le président du Conseil Donald Tusk sur Twitter.
La France a souligné qu'il ne pouvait être question d'une renégociation de l'accord et a souhaité que Londres présente des propositions "crédibles".
Le gouvernement allemand a demandé à Londres des "clarifications" sur ses intentions et réaffirmé qu'une renégociation de l'accord n'était pas à l'ordre du jour.