Les membres du principal mouvement anti-américain en Irak ont
quitté leur bastion de Sadr City, dans le nord-est de Bagdad, et
marché vers la place Moustansiriyah. Des cortèges, venant de
quartiers chiites dont Shaab et Khadamiyah, ont également afflué et
rejoint le gros des manifestants sur la place Moustansiriyah.
Ils ont fini leur manifestation en brûlant la bannière étoilée
et des effigies du président Bush et de la secrétaire d'Etat
américaine Condoleezza Rice. "Non, non, non à l'Amérique! Non, non,
non au diable", ont-ils scandé.
Interrogé, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, qui a
autorisé la manifestation, n'a pas été en mesure de donner une
estimation du nombre de protestataires.
Refus de l'accord
Cette démonstration de force du seul mouvement capable de faire
descendre des dizaines de milliers d'Irakiens dans la rue
intervient alors que les responsables américains et irakiens
finalisent l'accord qui fixera le cadre juridique de la présence
américaine en Irak après le 31 décembre, à l'expiration du mandat
confié par le Conseil de sécurité des Nations unies (lire
encadré).
La manifestation, prévue le 9 avril dernier, jour anniversaire de
la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, avait été annulée par
Moqtada Sadr, dont la puissante milice, l'Armée du Mahdi, était
alors aux prises avec l'armée américaine à Bassorah, dans le sud de
l'Irak, et à Sadr City.
Dans une déclaration distribuée pendant le défilé, Moqtada Sadr a
appelé les députés irakiens à refuser de ratifier, quand il leur
sera présenté, le projet d'accord en cours d'examen à Washington et
Bagdad sur la future présence des soldats américains. "Quand le
gouvernement transmettra le texte au Parlement, je vous dis qu'il y
a des personnes en face de vous qui seront contre", a lancé le
leader chiite s'adressant dans son texte aux parlementaires.
afp/sbo
Présence américaine jusqu'en 2011
Le gouvernement de Nouri al-Maliki a annoncé mercredi que Washington et Bagdad se sont entendus après des mois d'âpres négociations sur un projet de pacte prévoyant la prolongation de la présence de troupes américaines en Irak jusqu'en 2011.
Ce texte vise à fournir un cadre juridique au maintien des troupes américaines au-delà de l'expiration du mandat de l'ONU, le 31 décembre.
Le projet prévoit que l'Irak pourra demander aux Etats-Unis de prolonger la présence de leur troupes au-delà de 2011 et qu'il pourra juger lui-même les soldats américains coupables de crimes hors de l'exercice de leur mandat.
Le refus des Etats-Unis de fixer un calendrier contraignant de retrait de leurs troupes et d'autoriser l'Irak à juger leurs soldats constituaient, depuis des mois, les deux principales pierres d'achoppement dans les négociations.