Quelque 700 immigrés, selon les estimations du maire Bernardino
De Rubeis - 1300 selon certains médias - ont forcé dans la matinée
les grilles de leur centre de rétention fermé pour aller manifester
pendant plusieurs heures devant la mairie de Lampedusa, aux cris de
"liberté, aidez-nous!".
Centre surpeuplé
Ils entendaient protester contre la mise en place sur l'île d'un
nouveau Centre d'identification et d'expulsion (CEI), opérationnel
depuis vendredi et qui permet des rapatriements plus rapides, et
également dénoncer leurs conditions de détention dans un centre
surpeuplé.
Les clandestins, majoritairement des Africains partis des côtes
libyennes pour gagner l'Europe, s'entassaient encore vendredi à
plus de 1600 dans une structure prévue pour 850, avant le transfert
d'urgence le même jour de près de 300 d'entre eux dans d'autres
régions italiennes.
Après leur manifestation, la totalité des migrants a regagné dans
le calme le centre de rétention, mais leur action coup de poing a
suscité une controverse entre le gouvernement et des associations
humanitaires.
Rome se défend
"Il n'y a pas de problème à Lampedusa. Ceux qui arrivent là-bas
sont libres de leurs mouvements. Ce n'est pas du tout un camp de
concentration, ils sont libres d'aller se boire une bière. Samedi,
ils sont allés en ville comme ils le font d'habitude", a déclaré le
chef du gouvernement Silvio Berlusconi.
Le ministère de l'Intérieur a renchéri en affirmant dans un
communiqué que le centre "d'accueil" pour clandestins, à la
différence du nouveau Centre d'identification et d'expulsion, ne
prévoyait pas "l'obligation de séjour" et qu'il n'y avait donc pas
eu de "fuite" de clandestins à proprement parler.
Incompréhension des ONG
"Toutes les organisations qui travaillent à Lampedusa pourront
le confirmer, c'est un centre gardé par les forces de l'ordre, et
personne ne peut sortir pour aller prendre un café", a déclaré
Antonio Virgilio, responsable en Italie de Médecins sans frontières
(MSF).
"Je ne comprends pas ce qui se passe car, jusqu'à hier, il n'y
avait aucune liberté de mouvement pour les demandeurs d'asile du
centre et personne ne peut entrer ou sortir librement. Alors y
a-t-il eu un changement de politique depuis vendredi? Nous ne
sommes pas au courant!", a réagi Laura Boldrini, porte-parole en
Italie du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés
(HCR).
agences/mej/dk
Procédures de retour accélérées
Pour la seule année 2008, près de 31'700 immigrants ont débarqué à Lampedusa, une augmentation de 75% par rapport à l'année précédente selon des chiffres du ministère de l'Intérieur.
Jusqu'à présent, les immigrés débarqués à Lampedusa n'y restaient que quelques jours avant d'être dirigés vers d'autres centres en Italie pour qu'il soit statué sur leur sort.
Mais devant les arrivées massives de ces dernières semaines, le gouvernement a décidé d'expulser au plus vite les candidats à l'immigration ne répondant pas aux critères pour obtenir l'asile.
Ainsi, depuis le 1er janvier, 150 clandestins - principalement des Egyptiens et des Nigérians - ont été renvoyés dans leur pays d'origine, en vertu d'accords de coopération entre l'Italie et ces pays, avait indiqué vendredi le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni.