Les Forces armées vénézuéliennes sont une institution divisée, mais elles auraient dû intervenir depuis longtemps dans cette crise, a déclaré à la RTS Fernando Ochoa Antich, général à la retraite, ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères, dans l'émission Tout un monde.
Les militaires vénézuéliens ne sont pas intervenus car "ils sont soumis à un terrible contrôle des renseignements. Ce système de renseignements a été monté par les Cubains, et comme vous savez, les services secrets cubains sont vraiment des experts", a-t-il relevé.
Division profonde
"De plus, Hugo Chavez, le précédent président, a fait son possible pour rompre les deux principes fondamentaux d'une force armée: l'esprit de corps et la camaraderie. Comment les a-t-il rompus ? En idéologisant les forces armées et en offrant des charges publiques à des officiels, de manière à ce qu'ils puissent obtenir des avantages illégaux en marge de leurs fonctions".
"Tout cela a eu pour conséquences une division profonde au sein de l'armée. De plus, une partie des militaires, qui ont obtenu des bénéfices illégaux de la part du gouvernement, savent que s'il y a un changement de gouvernement, ils peuvent être soumis à des enquêtes judiciaires très délicates. Donc ils ont peur de cela, et il y a tellement de divisions, qu'ils ne prennent pas position", a expliqué l'ancien ministre de la Défense vénézuélien.
Vers une tragédie
Mais dans l'histoire du Venezuela, l'armée est toujours intervenue dans les grandes crises politiques, de manière très prudente, et évité ainsi qu'il y ait des affrontements de type guerre civile, selon le général à la retraite.
"C'est pour cela que ça me surprend que l'institution qu'est l'armée n'ait pas encore réagi. Parce qu'elle est en train de mener le pays vers une véritable tragédie. L'alliance militaire des Etats-Unis, du Brésil et de la Colombie ne laisserait aucune chance aux forces armées vénézuéliennes. C'est donc irresponsable de mener le pays vers cette situation".
Ce qu'il pourrait aussi se passer, c'est qu'il y ait une division au sein des forces armées. Cela pourrait générer des combats entre différents groupes des forces armées, a averti Fernando Ochoa Antich.
Des affrontements courts mais violents
"Nous n'allons pas arriver jusqu'à une guerre civile, parce que nous ne sommes pas habitués à cela. Mais il pourrait y avoir des affrontements courts, très violents, qui pourraient faire beaucoup de victimes".
Les militaires "doivent donc simplement demander à Nicolas Maduro qu'il quitte le pays puisque la situation est intenable, ou qu'il accepte que l'assemblée nationale convoque une nouvelle élection présidentielle", a conclu Fernando Ochoa Antich.
Propos recueillis par Anouk Henry, envoyée spéciale de la RTS à Caracas/lan