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Les vélléités politiques d'une princesse rebelle torpillées en Thaïlande

La course au gouvernement de la soeur du roi de Thaïlande, la princesse Ubolratana, a fait long feu, après le camouflet du Palais royal à sa candidature. [AFP - Mike Clarke]
Les vélléités politiques d'une princesse rebelle torpillées en Thaïlande / Le Journal horaire / 19 sec. / le 9 février 2019
La candidature de la soeur du roi de Thaïlande au poste de Premier ministre n'aura tenu qu'une journée: le parti sous la bannière duquel elle devait concourir a fait machine arrière samedi, après son torpillage par le Palais.

Le parti Thai Raksa Chart - formation créée par des proches de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, bête noire des ultra-monarchistes - a annoncé "se soumettre à l'ordre royal", après le camouflet du Palais Royal vendredi soir à la télévision, désapprouvant l'entrée inédite en politique de la princesse Ubolratana.

"La reine, l'héritier et les membres de la famille royale sont censés être au-dessus de la politique et ne peuvent pas occuper de fonction politique car ce serait en contradiction avec la Constitution", affirmait un communiqué de la Gazette royale diffusé à la télévision.

"Ligne rouge franchie"

"La candidature d'Ubolratana franchissait clairement la ligne rouge et mettait l'institution (royale) en danger", analyse Puangthong Pawakapan, professeure de sciences politiques à l'université Chulalongkorn de Bangkok.

Pour elle, comme pour les rares analystes acceptant de s'exprimer publiquement depuis que le palais a mis son veto au plan, dès la diffusion du bulletin du palais vendredi soir, le sort de la princesse était scellé: elle n'allait pas entrer dans l'Histoire comme la première princesse chef de gouvernement civil.

Le choix de la princesse Ubolratana est le fait de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'Etat en 2006. Les groupes ultra-royalistes, qui voient en Thaksin Shinawatra et ses partisans de dangereux anti-monarchistes, ne s'y sont pas trompés, célébrant sur les réseaux sociaux depuis vendredi soir le camouflet donné à la princesse.

Face à la junte

La princesse de 67 ans n'affrontera donc pas le chef de la junte, Prayut Chan-O-Cha, lui aussi candidat en cas de victoire de son parti. Le général auto-proclamé Premier ministre depuis près de cinq ans s'est contenté vendredi d'un simple communiqué pour annoncer sa candidature, annonçant qu'il n'avait "pas l'intention de s'accrocher au pouvoir".

Les militaires avaient justifié le coup d'Etat de 2014 par la nécessité de protéger la monarchie, alors que le roi Bhumibol Adulyadej était très malade.

La société thaïlandaise est profondément divisée entre "Chemises jaunes" (couleur de la royauté) et "Chemises rouges" (couleur de Thaksin Shinawatra).

afp/oang

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Une princesse née à Lausanne

Ubolratana Rajakanya est née à Lausanne. Elle est l'aînée des enfants du roi Bhumibol Adulyadej, décédé en 2016, et de la reine Sirikit. Son frère cadet Maha Vajiralongkorn a succédé à son père.

Elle a toujours eu une image de princesse rebelle, depuis son départ vers les Etats-Unis pour étudier. Elle y avait rencontré un Américain, Peter Ladd Jensen, et abandonné son titre royal pour l'épouser en 1972.

Après leur divorce en 1988, Ubolratana était rentrée en Thaïlande, où elle avait repris une partie de ses obligations royales. Elle avait perdu un fils lors du tsunami dévastateur de 2004.

Sportive accomplie, chanteuse pop à ses heures, elle avait jusqu'ici montré peu de goût pour la politique, préférant défendre le cinéma thaïlandais dans les festivals du monde entier. Elle a d'ailleurs joué dans deux films, dont "Where the Miracle Happens", sorti en 2008 et présenté au festival de Cannes.