Deux journalistes de Libération et un des Inrocks, cités dans cette affaire, ont notamment été mis à pied "à titre conservatoire". C'est un article du site de fact-checking de Libération Checknews qui a révélé vendredi dernier l'existence d'un groupe Facebook privé baptisé "Ligue du LOL" (pour "mort de rire").
Une trentaine de journalistes et professionnels de la communication y sont accusés d'avoir harcelé il y a quelques années d'autres journalistes et blogueurs, surtout des femmes et des militantes féministes, dans le petit milieu du Twitter parisien.
Insultes anonymes
Plusieurs victimes ont témoigné sur les réseaux sociaux. L'ex-journaliste Capucine Piot a raconté avoir été la cible de montages photo ou vidéo "moqueurs", de critiques récurrentes sur son apparence "pendant des années". "Ça a été très dur dans ma construction de jeune femme", a-t-elle tweeté.
Le blogueur Matthias Jambon-Puillet a raconté des insultes anonymes et des photomontages, dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs. Le youtubeur star Cyprien a également dit avoir été ciblé.
Tentatives d'explications
Plusieurs membres de cette "Ligue du LOL", aujourd'hui trentenaires pour la plupart, ont tenté de s'expliquer. "J'ai vu que certaines personnes étaient régulièrement prises pour cible mais je ne devinais pas l'ampleur et les traumas subis", a écrit l'un d'eux.
D'autres ont évoqué, comme excuse, le climat de Twitter à ses débuts : "Ça correspondait à une époque où il était de bon ton (...) de faire de l'humour noir, des blagues oppressives (...) j'ai voulu faire le malin alors qu'en fait j'étais con", a tweeté un youtubeur avec lequel le studio de podcasts Nouvelles Écoutes a annoncé cesser toute collaboration.
ats/afp/pym
Réactions officielles
Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité, a rappelé qu'une loi condamnait désormais le cyberharcèlement. Elle a évoqué la possibilité d'allonger des délais de prescription (remontant à plus de 6 ans, la plupart de ces faits sont prescrits).
SOS Racisme a demandé l'ouverture d'une enquête au parquet de Paris sur la "Ligue du LOL". La Fondation des femmes a ouvert une cagnotte pour aider les procédures judiciaires contre le harcèlement en ligne.