Le roi a reçu ce soir en audience au Château de Laeken l'ancien
Premier ministre belge Wilfried Martens. Le Roi l'a chargé d'une
mission d'exploration afin de trouver rapidement une solution à la
crise politique actuelle. Le pays semble s'enliser dans la crise
consécutive au départ d'Yves Leterme.
"M.Wilfried Martens a accepté cette mission", indique un bref
communiqué. Wilfried Martens, un chrétien-démocrate flamand, comme
Yves Leterme, âgé de 72 ans, a été Premier ministre de manière
pratiquement ininterrompue entre 1979 et 1992.
"Explorateur" et "formateur"
Selon la terminologie propre à la politique belge,
l'"explorateur" désigne une personnalité considérée comme un sage
et chargée de consulter les responsables politiques des différents
partis pour tester différentes possibilités de coalition.
Lorsque le terrain semble propice et qu'une formule de
gouvernement se dessine, le roi désigne alors un "formateur",
chargé de constituer une équipe ministérielle et de définir le
programme du gouvernement. Si certaines de ces personnalités
chargées de déminer le terrain sont ensuite devenues "formateurs"
puis Premier ministre, le cas est rare.
La désignation d'un "explorateur", trois jours après la démission
du gouvernement d'Yves Leterme, semble plutôt indiquer que les
pourparlers pour la formation d'un nouveau cabinet sont plus
compliqués que prévu.
Jean-Luc Dehaene favori
Durant la journée, le nom d'un autre ancien Premier ministre
chrétien-démocrate, Jean-Luc Dehaene, 68 ans, au pouvoir de 1992 à
1999, a circulé avec insistance comme l'une des personnalités
susceptibles de diriger un gouvernement intérimaire jusqu'à juin
2009, date à laquelle pourraient coïncider des élections
législatives avec les élections régionales et européennes.
L'homme roué aux arcanes de la politique belge est apprécié tant
en Flandre néerlandophone que chez les francophones. Cependant, il
suscite de la résistance. Les libéraux notamment le trouvent trop à
gauche. Jean-Luc Dehaene, qui s'était pratiquement retiré de la vie
politique nationale depuis près de 10 ans, a refusé de commenter
son éventuel retour aux affaires.
Du pain sur la planche
D'autres successeurs possibles sont le président de la Chambre des
représentants, Herman Van Rompuy, l'ancien Premier ministre Guy
Verhofstadt, et deux outsiders, le ministre des Finances Didier
Reynders et la chef des démocrates-chrétiens flamands, Marianne
Thyssen.
Yves Leterme, un chrétien-démocrate de 48 ans, a remis au roi sa
démission vendredi après avoir été accusé d'avoir tenté
d'influencer la justice dans la délicate affaire Fortis. Depuis, le
roi consulte la classe politique pour lui trouver un
successeur.
Le programme du successeur d'Yves Leterme s'annonce très chargé.
Le gouvernement doit encore défendre au Parlement un plan de
relance de l'économie, menacée de récession au quatrième trimestre.
Il lui faut aussi trouver des accords sur les salaires et une issue
à la saga Fortis, premier employeur du secteur privé belge.
Cinq partis forment la coalition au pouvoir - les libéraux et
démocrates-chrétiens du nord et du sud du pays auxquels se sont
alliés les socialistes francophones.
ats/afp/bri
Crises à répétition
La Belgique enchaîne les crises politiques depuis les élections législatives du 10 juin 2007, dont Yves Leterme, un démocrate-chrétien flamand, est apparu comme le grand vainqueur.
Après six mois de crise, le roi Albert II avait renommé en décembre et pour trois mois le libéral flamand Verhofstadt, Yves Leterme n'ayant pas réussi à former une équipe.
Yves Leterme avait fini par prendre la tête du gouvernement en mars 2008 mais il avait à nouveau présenté sa démission quatre mois plus tard, en juillet, après s'être trouvé dans l'incapacité d'obtenir un accord entre les formations néerlandophones réclamant des pouvoirs accrus pour les Flammands et les Wallons qui redoutent un éclatement du pays.
Albert II avait alors refusé son départ.
La chute de Leterme
Yves Leterme, qui avait été très critiqué pour sa gestion des tensions entre néerlandophones et francophones, a chuté paradoxalement sur un dossier qui avait redonné un peu de crédibilité à son gouvernement: le sauvetage du bancassureur belgo-néerlandais Fortis, premier employeur privé de Belgique.
D'où le "Fortisgate" évoqué dans la presse. Sa démission a replongé la Belgique dans les turbulences politiques dont elle pensait être sortie jusqu'en juin prochain.
Le Premier ministre belge Yves Leterme a exclu dimanche de reprendre ses fonctions. "Il veut d'abord que son équipe et lui soient lavés de tout soupçon", a déclaré son porte-parole.