"A partir d'aujourd'hui, le système judiciaire espagnol se soumet à un test" qui est "aussi un test de résistance pour la démocratie espagnole", a-t-il déclaré devant la presse. Qualifiant le procès de "mascarade", Carles Puigdemont a assuré que "ce procès n'aurait jamais dû avoir lieu" et indiqué espérer qu'il serve à "démasquer la construction artificielle d'une procédure politique".
L'ancien président catalan avait fui en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires, quelques jours avant l'arrestation et le placement en détention provisoire de plusieurs membres de son gouvernement déchu. Il est le grand absent du procès qui s'est ouvert à Madrid mardi contre douze dirigeants séparatistes.
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L'action de l'Union européenne critiquée
A Berlin, Carles Puigdemont a par ailleurs attaqué les institutions européennes, qui ont soutenu Madrid dans son conflit avec les indépendantistes catalans. "Pourquoi l'Union européenne est-elle plus inquiète de ce qu'il se passe, par exemple, au Venezuela, que de ce qu'il se passe à Madrid ?"
En juillet 2018, un tribunal allemand avait refusé d'extrader Carles Puigdemont vers l'Espagne pour rébellion, l'accusation la plus grave qui pèse contre neuf des indépendantistes jugés à Madrid par la Cour suprême. Il leur est reproché d'avoir organisé un référendum d'autodétermination interdit par la justice puis proclamé l'indépendance de cette riche région de 7,5 millions d'habitants située dans le nord-est de l'Espagne.
600 journalistes
Le procès historique de douze dirigeants indépendantistes catalans pour la tentative de sécession d'octobre 2017 s'est ouvert en matinée à Madrid, devant la Cour suprême, plus haute instance judiciaire espagnole. Les accusés se sont assis sur quatre rangées de banquettes face aux sept juges.
Retransmis en direct et suivi par plus de 600 journalistes espagnols et étrangers accrédités, ce procès doit durer environ trois mois. Des centaines de policiers, parmi lesquels des membres des unités antiterroristes, ont été déployés autour du tribunal. Des centaines de personnes vont y témoigner, dont l'ancien chef de gouvernement conservateur Mariano Rajoy. Le verdict ne devrait pas être rendu avant juillet.
Appel à manifester
Des pro- et des anti-indépendantistes se sont rassemblés devant le bâtiment au début de l'audience. "Liberté pour les prisonniers politiques", pouvait-on lire sur une pancarte de manifestants venus soutenir les prévenus. Un petit groupe d'opposants à l'indépendance criait "Golpista" (putschiste) à l'adresse des séparatistes.
"C'est un procès politique" que "nous devons convertir en boomerang contre l'Etat" espagnol, a abondé à Madrid Elisenda Paluzie, présidente de la puissante association séparatiste ANC, qui a convoqué avec d'autres organisations une manifestation en début de soirée à Barcelone.
En signe de protestation, des militants radicaux indépendantistes ont coupé temporairement plusieurs routes à l'aube, dont l'autoroute AP-7 entre Gérone et Barcelone.
agences/ebz/boi