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Lockerbie commémore les 20 ans de l'attentat

Honneurs militaires devant le mémorial pour les victimes du drame.
Honneurs militaires devant le mémorial pour les victimes du drame.
La ville écossaise de Lockerbie se recueillait dimanche pour le 20e anniversaire de l'attentat contre un avion de la Pan Am. L'attaque avait causé la mort de 270 personnes, semé l'effroi et provoqué une crise internationale majeure avec la Libye.

Cette petite localité de 4000 âmes, dont le nom est à jamais
associé à la tragédie, va commémorer ce qui reste à ce jour
l'attentat au bilan le plus lourd jamais perpétré en
Grande-Bretagne. Elle a prévu plusieurs cérémonies d'ampleur
volontairement modeste.

Ce 21 décembre 1988, en début de soirée, les gens terminaient
leurs achats de Noël, lorsqu'un déluge de feu s'est abattu sur
Lockerbie. Le Boeing du vol 103 Londres-New York, avec 259
personnes à bord, venait d'être pulvérisé à quelque 9400 m
d'altitude. Onze habitants ont été tués au sol.

Masse en feu

"C'était la chose la plus proche de l'enfer que j'espère jamais
voir", se souvient George Stobbs, inspecteur de police à la
retraite, qui était rentré chez lui depuis quelques minutes quand
il a pris connaissance du drame à la télévision. Se précipitant
vers la rue voisine de Sherwood Crescent, où était retombé le
cockpit, il a aperçu "un grand cratère, une grande masse en feu. La
chaleur était intense. J'ai vu une porte en fer fondre comme si
quelqu'un passait le chalumeau sur du beurre".



Vingt ans plus tard, si le souvenir reste vivace, les traces de la
tragédie ont disparu à Lockerbie. Un jardin public recouvre
l'emplacement du cratère à Sherwood Crescent. Seul un mémorial
dressé dans le cimetière rappelle la catastrophe.

Embargo

L'attentat, qui a provoqué la mort
de 180 Américains, un bilan alors sans précédent, a placé la Libye
au ban de la communauté internationale pendant près de deux
décennies. Après 12'000 interrogatoires menés dans 54 pays, les
enquêteurs britanniques et américains sont remontés jusqu'à deux
ressortissants libyens, Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi et
Al-Amine Khalifa Fhimah.



Refusant de les livrer, la Libye a été soumise à partir de 1992 à
des sanctions internationales (embargo militaire, aérien et sur des
équipements pétroliers et gel des avoirs financiers). Appel bientôt
examiné Tripoli a finalement décidé en 1999 de remettre les accusés
à la justice écossaise.

Jugement et appels

Les deux hommes ont été jugés par un tribunal extraordinaire aux
Pays-Bas, sur une base militaire. Le 31 janvier 2001, la cour a
acquitté Fhimah, mais condamné AlMegrahi à la prison à perpétuité,
avec une période de sûreté de 27 ans. Al-Megrahi a depuis continué
à protester de son innocence.



En juin 2007, il a été autorisé à déposer un deuxième appel contre
sa condamnation après un échec en 2002. Cet appel doit être examiné
en 2009. Souffrant selon ses avocats d'un cancer de la prostate en
phase terminale, le Libyen de 56 ans a présenté une demande de
libération conditionnelle, rejetée en novembre.



ats/cht

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Zones d'ombre

Certains proches des victimes doutent de la culpabilité du libyen Al-Megrahi, condamné en 2001 à la perpétuité.

Beaucoup regrettent que subsistent de nombreuses zones d'ombre entourant l'attentat.

Les sanctions internationales, suspendues dès 1999, ont été définitivement levées le 12 septembre 2003.

Tripoli a alors reconnu sa responsabilité dans l'attentat et signé avec Londres et Washington un accord d'indemnisation des victimes.

La Libye a versé en octobre 2008 les indemnités dues aux familles américaines, levant le dernier obstacle à la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis amorcée deux ans auparavant.

A Lockerbie, on espère tourner définitivement la page, même si la mémoire du drame ne s'effacera pas.

"Il faut un équilibre entre honorer les morts et permettre à la vie de suivre son cours", estime John Gair, un enseignant à la retraite.

Service également à Londres et aux USA

Les familles des victimes devaient également assister en fin d'après-midi à un service religieux à l'aéroport londonien d'Heathrow, d'où était parti l'avion, avec à son bord 180 Américains rentrant chez eux pour les fêtes de fin d'année, quelque 40 minutes à peine avant le drame.

Une cérémonie devait aussi avoir lieu à l'université de Syracuse, dans l'Etat de New York, aux Etats-Unis, dont 35 des étudiants figuraient parmi les victimes.