Agé de 57 ans et atteint d'un cancer de la prostate en phase
terminale, Al-Megrahi, seule personne jamais condamnée pour
l'attentat de Lockerbie en 1988, est "autorisé à rentrer en Libye
pour y mourir", a annoncé le ministre écossais de la Justice.
En milieu d'après-midi, Al-Megrahi a quitté la prison de Greenock,
en Ecosse, dans un important convoi policier pour gagner l'aéroport
de Glasgow, d'où il a pris un avion vers la Libye. Des centaines de
jeunes, qui agitaient des drapeaux libyens et écossais, l'ont
accueilli. Habillé d'un costume noir, il est sorti de l'avion avec
Seif Al-Islam, un des fils du dirigeant Mouammar Kadhafi, qui lui
tenait la main.
L'attentat contre le Boeing 747 de la Pan Am au-dessus de la ville
écossaise de Lockerbie avait fait 270 morts, 259 personnes à bord,
des Américains pour la plupart, et 11 au sol. Abdelbaset Ali
Al-Megrahi, arrêté en 1991 en Libye et assigné à résidence, a été
livré à la justice écossaise en 1998 et condamné par un tribunal
spécial écossais siégeant aux Pays-Bas en 2001.
"La clémence doit exister"
Cet ancien officier des services de renseignement libyens, qui
n'aura donc passé que huit ans en prison, devait légalement purger
au moins 27 ans. "Notre croyance est que la justice doit être faite
mais que la clémence doit exister", a déclaré le ministre écossais
en annonçant sa décision, qui fait polémique aux Etats-Unis mais
également en Ecosse (
lire ci-contre
).
"Certaines blessures ne peuvent jamais guérir, certaines
cicatrices jamais s'atténuer. On ne peut pas attendre de ceux qui
ont été atteints qu'ils oublient, ni qu'ils pardonnent...
Cependant, Monsieur Al-Megrahi fait désormais face à la sentence
imposée par un pouvoir supérieur", a-t-il ajouté. Selon plusieurs
sources, le Libyen n'aurait plus que 3 mois à vivre.
La libération de Megrahi a également été annoncée à Tripoli par un
haut responsable au bureau du Premier ministre libyen. L'Ecosse a
assuré n'avoir pas tenu compte des pressions internationales pour
prendre sa décision.
agences/boi
Les Etats-Unis "déçus"
La libération de l'ancien agent libyen Abdel Basset al Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie, est "une erreur", a réagi Barack Obama. Le président américain a aussi souhaité que le Libyen soit assigné à résidence.
Auparavant, la Maison Blanche avait déclaré "regretter profondément" cette décision.
"Comme nous l'avons dit de façon répétée aux responsables du gouvernement britannique et aux autorités écossaises, nous continuons à penser que Megrahi devrait accomplir sa peine en Ecosse", indiquait le communiqué de la Maison Blanche, qui offre sa "profonde sympathie aux familles" des victimes.
Washigton a aussi demandé à la Libye de ne pas l'accueillir en héros.
De son côté la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est déclarée "profondément déçue". "Nous avons indiqué au gouvernement britannique et aux autorités écossaises que Megrahi devrait purger toute sa peine en Ecosse."
"Nous transmettons nos sympathies les plus profondes aux familles qui vivent chaque jour avec la perte d'un être aimé due à ce crime haineux", conclut la secrétaire d'Etat.