Pour la sixième journée consécutive, le pays est totalement paralysé par le mouvement d'opposition dont les affrontements ont causé la mort de six personnes par balle. Des voitures sont incendiées et les magasins pillés. Les habitants sont épuisés par l'inflation, les soupçons de corruption et de gaspillage de l'aide au développement. En particulier pour la majorité pauvre.
"Jovenel a fait du mal au pays, estime un manifestant. On meurt de faim, il n'y a pas d'hôpital, d'eau ou d'électricité. Les policiers nous tirent dessus." Mardi, de nouvelles violences ont éclaté à Port-au-Prince entre les forces de l'ordre et les protestataires et 78 détenus se sont évadés d'une prison à Aquin, au sud du pays. Les administrations, les écoles et les commerces sont restés fermés.
Gouvernement silencieux
Malgré la colère populaire, le pouvoir s'enfonce dans le mutisme. "Si Jovenel n’arrive pas à raisonner, il va en payer les conséquences et entraîner avec lui ses soutiens de la bourgeoisie méchante, corrompue, les marchands de riz qui pillent le pays, s'exclame un autre opposant. S’il ne se ressaisit pas, plus il attend, plus ça sera pire."
La frustration populaire a été exacerbée par la publication, fin janvier, d'un rapport de la Cour supérieure des comptes sur la gestion calamiteuse et les possibles détournements des fonds prêtés depuis 2008 par le Venezuela à Haïti pour financer son développement. Une quinzaine d'anciens ministres et hauts fonctionnaires sont épinglés. De même qu'une entreprise dirigée à l'époque par Jovenel Moïse, identifiée comme bénéficiaire de fonds pour un projet de construction d'une route sans signature de contrat.
Amélie Baron/afp/ani