La Chambre des communes a refusé d'accorder son soutien à Theresa May par 303 voix contre 258. Ce résultat, même s'il n'est pas contraignant, fragilise une nouvelle fois la Première ministre. A 43 jours du divorce, fixé au 29 mars au soir, elle va désormais avoir du mal à convaincre ses interlocuteurs européens qu'elle disposerait d'une majorité parlementaire s'ils acceptaient de rouvrir l'Accord de retrait.
Il accentue de fait le risque d'une sortie sans accord, de "no deal" aux allures de scénario cauchemardesque pour de nombreux acteurs de l'économie britannique ou, à l'inverse, d'un report voire d'une annulation du Brexit.
La Première ministre persiste
Dès le résultat du vote connu, le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a sommé Theresa May de venir s'expliquer devant les Communes afin qu'elle admette l'échec de sa stratégie. Le président de la Chambre, John Bercow, a aussitôt rappelé que la présence de la Première ministre n'était pas obligatoire.
Dans un communiqué, les services du 10, Downing Street ont répliqué en accusant les travaillistes d'avoir, en votant contre le gouvernement, rendu plus probable le risque d'un divorce sans accord avec l'UE.
Theresa May persiste pour sa part dans sa volonté de renégocier l'accord. "Le gouvernement continuera sur cette voie avec l'UE pour garantir que nous sortirons dans les temps le 29 mars", a souligné son porte-parole.
reuters/gma
Plus de 50% des Britanniques souhaiteraient rester dans l'UE
A sept semaines seulement du Brexit, le regret des Britanniques de quitter l’Union européenne n’a jamais été aussi important. Pas moins de 56% des Britanniques choisiraient de rester dans l’UE, s’il fallait à nouveau voter, contre 44 %, affirme un sondage YouGov publié en janvier. C’est l’écart le plus net depuis le referendum. En y ajoutant les indécis, les chiffres tombent cependant à 48 % et 38 %. 14 % des sondés n’ont toujours pas choisi leur camp.
Par ailleurs, aucune solution sur le Brexit ne rallie un soutien majoritaire de la population britannique, selon John Curtice, professeur de politique à l'université écossaise de Strathclyde. Dans un rapport compilant plusieurs sondages, le chercheur met en exergue le défi auquel est confrontée la Première ministre Theresa May, qui vient de subir une nouvelle défaite au parlement sur son accord de retrait, longuement négocié avec Bruxelles.
Une courte majorité du public est favorable à une renégociation de cet accord mais aucune des issues possibles ne rassemble une majorité claire, selon ces enquêtes d'opinion. A chaque extrémité du spectre, quitter l'UE sans accord ou organiser un second référendum sur le Brexit sont au coude-à-coude. Un Brexit "doux", prévoyant de maintenir des liens étroits entre le Royaume-Uni et les institutions européennes, ne séduit en revanche aucun des deux camps.
Laurent Burkhalter