"L'Espagne ne peut pas perdre une minute, j’ai donc décidé de convoquer les élections le 28 avril", a assuré Pedro Sanchez dans une déclaration institutionnelle.
A la tête du gouvernement le plus minoritaire de l'histoire espagnole, le socialiste n'aura donc pas réussi à maintenir la fragile majorité formée par les socialistes, la gauche radicale, les indépendantistes catalans et les nationalistes basques, qui lui avait permis d'accéder au pouvoir le 1er juin.
Petro Sanchez avait alors renversé le conservateur Mariano Rajoy, dont le gouvernement a été victime d'une motion de censure après un scandale de corruption. Il s'agira des troisièmes élections en moins de quatre ans.
Echec au Parlement avec le budget
Les séparatistes catalans, qui avaient soutenu la motion de censure l'ayant porté au pouvoir, ont en effet rejeté mercredi au Parlement, avec la droite, son projet de loi de finances au lendemain de l'ouverture à Madrid du procès de la tentative de sécession de la Catalogne de 2017. Le dialogue entre gouvernement et indépendantistes avait été rompu la semaine dernière, ces derniers continuant à réclamer un référendum d'autodétermination, inacceptable pour Madrid.
Devant la presse, le chef du gouvernement est passé en mode campagne, accusant la droite et les séparatistes d'avoir bloqué le "budget le plus social de la décennie dans notre pays" après "sept ans d'injustices sociales et d'austérité".
Aucun parti ne semble en mesure d'atteindre la majorité. Le PSOE de Pedro Sanchez, en perte de vitesse, reste toutefois en tête des intentions de vote. Conservateurs, centristes et extrême droite pourraient aussi former une coalition gouvernementale, mais, sur le papier, les socialistes peuvent également s'entendre avec Ciudadanos.
agences/boi
Minimiser l'impact d'un vote-sanction
Selon la chercheuse en sciences politiques Berta Barbet, Pedro Sanchez pense qu'en convoquant des élections rapidement, il pourrait minimiser l'impact d'un possible vote-sanction en donnant "peu de temps" à la droite "pour se coordonner". Car "avec le temps, cette menace ne fera qu'empirer".
La convocation d'élections "représente la fin d'une législature atypique, mouvementée", entamée en 2016, assure pour sa part à l'AFP Paloma Roman, politologue à l'université Complutense de Madrid.
Car en moins de quatre ans, le bipartisme a volé en éclats, la Catalogne a tenté de faire sécession, un chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a été renversé pour la première fois en quarante ans par un adversaire, Pedro Sanchez, pourtant battu dans les urnes.
Et les élections qui se profilent fin avril pourraient ne rien résoudre.