Prenant le juge, le procureur et son avocat par surprise,
Mohammad Ajmal Amir Iman, alias "Kasab", unique survivant du
commando d'une attaque multi-site ayant fait 174 morts en novembre,
s'est levé dans son box du tribunal spécial de Bombay en déclarant
"je plaide coupable, je veux passer aux aveux".
Jugé depuis la mi-avril, ce Pakistanais de 21 ans avait plaidé non
coupable au début du mois de mai et rejeté les 86 chefs
d'accusation le visant, dont celui d'"actes de guerre" contre
l'Inde.
Les attaques portées simultanément le 26 novembre contre des
hôtels de luxe, la gare centrale, un café-restaurant touristique et
un centre juif, avaient fait 174 morts, dont neuf assaillants et 26
étrangers. Elles s'étaient achevées le 28 novembre.
Un massacre
Le 26 novembre au soir, Mohammad Ajmal Amir Iman et son complice
Abu Ismaïl avaient été filmés par des caméras de surveillance et
vus par une centaine de témoins ouvrir le feu et lancer des
grenades dans la gare de Bombay. "Je tirais et Abu jetait les
grenades", a avoué "Kasab", cité par l'agence officielle Press
Trust of India (PTI).
"Je m'étais posté devant Abu pour que personne ne l'aperçoive.
J'ai tiré sur un policier jusqu'à ce qu'il ne puisse plus
riposter", a-t-il confessé. Armé d'un fusil d'assaut AK-47, le duo
avait poursuivi son équipée meurtrière en ouvrant le feu à
l'aveugle sur des passants et des officiers de la police, tuant 52
personnes, dont le chef de l'escadron antiterroriste de la ville.
Leur attaque avait aussi fait 109 blessés.
Mohammad Ajmal Amir Iman a aussi admis avoir posé une bombe de
huit kilos dans le taxi qui l'avait emmené à la gare. Le chauffeur
et un client avaient péri dans l'explosion.
Une centaine de témoins
Une centaine de témoins D'après le
procureur Ujjwal Nikam, "Kasab" a avoué parce qu'il a compris que
"la messe était dite" après avoir été identifié par 134 témoins et
confondu par son ADN et ses empreintes digitales.
Surtout, l'accusation indienne a fait un lien entre ces aveux
soudains et le procès dans les prochains jours, au Pakistan, de
cinq hommes accusés d'être derrière les attaques, parmi lesquels
leur cerveau Zaki-ur-Rehman Lakhvi. "Kasab" encourt la peine de
mort.
Islamabad accusé par l'Inde
L'Inde, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne imputent les
attentats de Bombay au groupe islamiste pakistanais Lashkar-e-Taïba
(Let), avec - accuse New Delhi - la complicité des services de
renseignements militaires d'Islamabad (Inter-Services Intelligence,
ISI).
Le Let et le Pakistan ont nié, mais Islamabad a admis que le
complot avait été "en partie" ourdi sur son sol et a arrêté des
responsables présumés. Ces événements ont provoqué le gel du
laborieux processus de paix amorcé en 2004 entre les deux
puissances nucléaires rivales.
"Je crois que tout le complot a été préparé par ces Pakistanais.
Tous ceux qui sont impliqués dans le 26/11 devraient être pendus",
a estimé sur la chaîne de télévision NDTV le Premier ministre de
l'Etat du Maharashtra, dont Bombay est la capitale, Ashok
Chavan.
agences/bri
Dialogue difficile entre l'Inde et le Pakistan
Jeudi passé, le Premier ministre indien Manmohan Singh a rencontré son homologue pakistanais Yousuf Raza Gilani en marge du sommet des Non-alignés à Charm el-Cheikh, en Egypte.
Il s'agissait de la deuxième rencontre à un aussi haut niveau depuis les attentats de Bombay.
A l'issue de cet entretien, New Delhi a prévenu que le dialogue de paix avec son voisin resterait gelé tant qu'Islamabad n'aurait pas traduit en justice les auteurs des attentats de Bombay de 2008.
"Le processus de dialogue ne peut pas avancer, même s'il reprenait, tant que le territoire pakistanais continue de servir à commettre des actes terroristes contre l'Inde", a déclaré le Premier ministre indien.
"Le dialogue 'composite' (dialogue de paix devant aborder plusieurs sujets) ne peut pas (re)démarrer tant que les auteurs des attentats de Bombay ne sont pas traduits en justice", a insisté Manmohan Singh.
Ces propos ont semblé contredire le communiqué commun publié après la rencontre qui affirmait que "l'action contre le terrorisme ne devait pas être liée au processus de dialogue composite et que ces deux éléments ne devaient pas être associés".
Dans ce texte, les deux dirigeants ont affirmé être "résolus à combattre le terrorisme et à coopérer dans ce but". Ils ont parlé du terrorisme comme "la principale menace aux deux pays".