Cette rencontre sans précédent, consacrée aux moyens de lutter contre ces abus, réunira 190 évêques et religieux. Elle se veut une prise de conscience collective du phénomène mondial des viols sur mineurs dans ses propres rangs.
Elle intervient alors que l'Eglise catholique est sous les feux de l'actualité. Lundi, notamment, la justice française a autorisé la sortie du film "Grâce à Dieu" du réalisateur François Ozon, consacré à la pédophilie dans l'Eglise. Le même jour, une deuxième plainte pour attouchements sexuels a été déposée contre l'ambassadeur du Vatican en France.
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Cette pression liée aux scandales de pédophilie a incité le pape François à réagir. Il a convoqué les présidents des conférences épiscopales du monde entier, les supérieurs des ordres religieux et des experts afin qu’au niveau mondial, l’Eglise catholique prenne la mesure du scandale et qu’elle adopte une ligne commune sans équivoque et transparente partout où elle se retrouve confrontée à des cas d’abus sexuels sur mineurs.
"Il y a une véritable habitude du silence dans l'Eglise"
"Je crois que c'est un peu le sommet de la dernière chance, il se joue la crédibilité de l'institution" souligne Josselin Tricou, doctorant en science politique et étude de genre à l'Université Paris 8, spécialiste de la vie et des structures de l'Eglise catholique, mardi dans La Matinale.
"La difficulté, c'est qu'il y a une véritable habitude du silence, des routines organisationnelles de silence et il va falloir les rompre", rappelle-t-il. "On verra s'il suffit d'avoir un petit guide de procédure pour le faire."
Pour Josselin Tricou, le pape joue ces jours la crédibilité de l'institution. "On est dans une période semblable à la Réforme protestante et l'avenir de l'Eglise est en jeu, je crois."
Des victimes viendront témoigner
Au cours de ces quatre journées, plusieurs responsables religieux doivent prendre la parole, mais les 190 participants à cette rencontre seront aussi appelés à écouter des victimes - des témoignages douloureux, souvent mésestimés, mal gérés et des vies broyées qui ont trouvé difficilement dans le clergé une oreille attentive.
Des mesures existent pourtant déjà au sein de l'Eglise catholique: elles sont définies dans plusieurs documents publiés depuis une vingtaine d’années par les trois derniers papes.
Mais elles ne sont pas toujours bien connues ni appliquées avec la nécessaire rapidité. François redira donc aux évêques qu’ils ont la responsabilité de suspendre immédiatement les prêtres et religieux soupçonnés, qu’ils doivent diligenter une enquête interne, puisqu’ils ont le devoir de collaborer avec les autorités civiles. Le tout, sans tergiverser, et dans la transparence - qui devient un véritable mot d’ordre.
L’objectif fondamental de cette rencontre unique en son genre est de faire en sorte que les évêques qui rentreront dans leur pays dimanche prochain sachent exactement comment agir contre la pédophilie dans l'Eglise.
Jean Baptiste Venditti/oang