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Naples manifeste en nombre contre la mafia

La pieuvre "n'est pas éternelle", ont affirmé les manifestants.
La pieuvre "n'est pas éternelle", ont affirmé les manifestants.
Plus de 100'000 personnes ont manifesté samedi dans les rues de Naples contre la mafia. Cette journée était consacrée à la mémoire des victimes de la "pieuvre". De nombreux proches de victimes du crime organisé étaient présents.

Le cortège, guidé par les membres des familles des victimes de
la mafia, comprenait des milliers de personnes venues de toutes les
régions d'Italie et de 30 pays du monde, s'est félicité le prêtre
Luigi Ciotti, président de l'association Libera qui organisait
l'opération.

La mafia "n'est pas éternelle"

Le défilé s'est tenu sur le bord de
mer napolitain en ce premier jour de printemps, à l'occasion de la
14e Journée nationale dédiée aux victimes du crime organisé.



"La mafia et la camorra" (mafia napolitaine) "ne sont pas
éternelles, elles peuvent être battues", a déclaré Antonio
Bassolino, président de la Campanie, la région dont Naples est le
chef-lieu. "Notre mot d'ordre doit être 'continuité' car il faut
lutter 365 jours par an contre la mafia", a-t-il ajouté, réclamant
davantage de ressources pour les forces de l'ordre et la
justice.



L'écrivain Roberto Saviano, symbole de la lutte contre la mafia
avec son livre "Gomorra" qui décrit comment le crime organisé
domine la vie napolitaine, participait aussi à la manifestation.
Agé de 29 ans, il a reçu des menaces de mort et vit sous protection
policière.



Les organisateurs ont revendiqué la participation de 150'000
personnes venues de toute l'Italie et de 30 autres pays. La police
a estimé le nombre de manifestants à plus de 100'000. "Aujourd'hui
est un jour de célébration parce que nous nous souvenons de nos
morts avec tous ces jeunes gens rassemblés ici. Ils sont l'avenir
de l'Italie", a déclaré Vincenzo D'Agostino, le père d'un policier
tué par la mafia avec sa femme et son fils.

Davantage de moyens demandés

"Je suis fâchée et moins optimiste qu'il y a 17 ans, lorsque mon
frère a été tué", a déclaré pour sa part Rita Borsellino, soeur du
juge Paolo Borsellino, assassiné par Cosa Nostra en plein centre de
Palerme, en Sicile. "Les mafia ont changé, elles sont plus
dangereuses, elles sont mieux insérées dans les ganglions du
pouvoir, donc la situation est pire qu'il y a 17 ans. Nous avons
besoin d'institutions qui nous sont plus proches, de davantage de
ressources", a-t-elle ajouté.



La police a infligé d'importants revers ces dernières années à la
mafia sicilienne en arrêtant des "parrains" tels que Bernardo
Provenzano et son dauphin présumé, Salvatore Lo Piccolo, en 2007.
Mais les quatre principales organisations mafieuses du pays
contrôlent toujours une part importante de l'économie.



agences/cer

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Des organisations meurtrières

Les quatre mafia italiennes - Cosa Nostra sicilienne, Camorra napolitaine, 'Ndrangheta calabraise et Sacra Corona Unita des Pouilles - ont fait plus de 900 morts au cours des dernières décennies.

Parmi leurs victimes figurent de nombreux juges, procureurs, policiers, syndicalistes, hommes d'affaires, prêtres ou journalistes.

Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni a déclaré qu'à elle seule, la 'Ndrangheta, considérée comme le groupe mafieux le plus puissant d'Italie, gagnait 45 milliards d'euros par an en contrôlant le marché européen de la drogue.

Les services de renseignement italien ont estimé ce mois-ci que la crise mondiale, qui rend plus vulnérables les entreprises à court de liquidités, permettait au crime organisé de renforcer son emprise sur l'économie en recyclant ses profits illicites dans le commerce, le tourisme ou l'immobilier.