"Tous nos hommes ont à présent quitté le Sirius Star. Le navire
est libre, l'équipage est libre", a déclaré Mohamed Said par
téléphone depuis le port de Harardhere, à environ 300 km au nord de
la capitale, Mogadiscio. "Il y a eu des problèmes de dernière
minute mais à présent, tout est finalisé", a ajouté le chef des
pirates, sans autre précision sur la nature de ce contretemps.
Rançon versée?
Les pirates avaient capturé le superpétrolier de 330 mètres de
long et chargé de deux millions de barils de brut en plein océan
Indien, à plus de 450 milles nautiques (800 km) au sud-est de la
ville de Mombasa, au Kenya. Ils réclamaient 25 millions de dollars
pour sa libération. On ignorait vendredi si une rançon avait été
versée, mais ils auraient obtenu une rançon de trois millions de
dollars, selon un de leurs proches.
"Les pirates détenant le navire saoudien ont pris trois millions
de dollars hier soir et relâché le navire ce matin", a déclaré ce
proche, Farah Osman, joint dans le port d'Haradheere. Les pirates
avaient réclamé le 19 novembre le paiement d'une rançon de 25
millions de dollars, mais ils avaient depuis réduit leurs
exigences.
"Nous nous refusons à tout commentaire pour le moment", a réagi un
porte-parole de la société saoudienne propriétaire du bateau, Vela
International Marine Ltd, filiale de transport maritime de la
compagnie nationale saoudienne d'hydrocarbures Aramco.
Une libération sans incidents
Un autre pirate du même groupe, Sahafi Abdi Aden, interrogé par
téléphone à Harardhere, a confirmé la fin de la prise d'otages. "Je
suis à Harardhere à l'heure actuelle et la question du Sirius Star
a été résolue pacifiquement. Je ne peux pas entrer dans les détails
de l'accord mais je peux vous dire que le bateau est libre", a-t-il
assuré.
"Aucun membre d'équipage ou pirate n'a été blessé pendant cette
prise d'otages", a-t-il ajouté. L'équipage du Sirius Star est
composé de 25 marins, dont deux Britanniques, deux Polonais, un
Croate, un Saoudien, et 19 Philippins.
Le superpétrolier, lancé en 2008 et d'une valeur de 150 millions
de dollars, est chargé de deux millions de barils de brut, soit
l'équivalent de 300'000 tonnes de pétrole, une cargaison estimée à
l'époque de sa capture à 100 millions de dollars.
Le bateau était ancré devant Harardhere, petit port devenu l'un
des principaux repaires des bandits des mers. La capture du Sirius
Star, long de 330 mètres, est l'opération de piraterie la plus
spectaculaire menée à ce jour au large de la Somalie.
Le pétrolier croisait dans l'Océan Indien à 480 milles nautiques
(890 km) au sud-est de Mogadiscio et plein est par rapport au port
kényan de Mombasa, lorsqu'il avait été pris en chasse par deux
embarcations de pirates. Seize minutes plus tard, les pirates
étaient à bord et contrôlaient le navire.
agences/mej/jeh
Force maritime contre la piraterie
Jeudi, les Etats-Unis avaient annoncé la création d'une nouvelle force "multinationale" sous commandement américain pour lutter contre les pirates somaliens qui sévissent dans le golfe d'Aden et l'océan Indien.
Pour l'heure, cette force se limite toutefois à des bâtiments américains, a indiqué à l'AFP une porte-parole de la Ve flotte américaine, basée à Manama.
La création de cette force, baptisée "Combined Task Force 151" (CTF-151) fait suite à la multiplication des actes de piraterie au large des côtes de la Somalie, une situation qui a déjà amené la communauté internationale à renforcer sa présence militaire dans la région.
L'Union européenne a ainsi lancé le 8 décembre la première opération navale de son histoire, "Atalante", pour traquer les bandits des mers, avec six bâtiments et trois avions de patrouille sous commandement britannique.
Un business florissant
L'attaque du Sirius Star avait une nouvelle fois démontré la détermination et la témérité de ces hommes lourdement armés, n'hésitant pas à opérer en très haute mer dans l'Océan Indien, à bord d'embarcations rapides lancées depuis des "bateaux-mères".
Plus de cent navires ont été attaqués en 2008 par les pirates somaliens, qui auraient perçu des rançons d'un montant total de quelque 120 millions de dollars, faisant de la piraterie un des business les plus florissants de Somalie, livrée au chaos depuis le début d'une guerre civile en 1991.
Environ 12% du commerce maritime et 30% du pétrole brut mondial transitent par le détroit de Bab el Mandeb, goulot d'étranglement entre la mer Rouge et le golfe d'Aden, au large des côtes somaliennes.