Non seulement, il s'est emparé de la précieuse statuette pour la
meilleure réalisation mais également de celle de meilleur film, de
meilleur scénario adapté et de meilleur montage.
Vingt-six ans
Il aura fallu 26 ans, six nominations au titre de meilleur
réalisateur et deux nominations au titre de meilleur scénario pour
que Martin Scorsese soit enfin officiellement reconnu par ses
pairs.
A l'automne dernier interrogé sur sa disette, Martin Scorsese
s'était empressé de dire lors de la sortie des "Infiltrés" qu'"on
fait pas des films pour décrocher des Oscars". Dimanche pourtant,
c'est un Scorsese visiblement ému qui est monté récupérer sa
statuette remise par trois géants du cinéma américain et mondial:
Steven Spielberg, Francis Ford Coppola et George Lucas.
"Vous pouvez vérifier?"
Faussement incrédule, Scorsese, qui a eu droit à une standing
ovation au premier rang de laquelle figurait son ami Jack
Nicholson, a lancé à ses trois confrères: "Est-ce que vous pouvez
encore vérifier l'enveloppe?"
Pour l'Oscar du meilleur film, le thriller du maître du 7e art
américain a devancé "Babel", "Little Miss Sunshine", "The Queen" et
"Lettres d'Iwo Jima".
Le sacre attendu de la reine Mirren
Récompensée dimanche par l'Oscar de la meilleure actrice dont
elle était l'archi-favorite, la comédienne britannique Helen Mirren
vient de vivre six mois d'honneurs grâce à son rôle d'Elizabeth II
dans "The Queen" de Stephen Frears.
Golden Globe de la meilleure actrice, meilleure actrice au 63e
Festival de Venise, récompensée par ses pairs du Syndicat des
acteurs de Hollywood (SAG), elle a aussi été nommée aux Baftas
britanniques.
Avant d'incarner la raideur compassée de la reine Elizabeth II,
incapable de comprendre ses sujets à la mort de la princesse Diana
en août 1997, Helen Mirren était en effet de son propre aveu une
"une anti-monarchiste résolue". Elle est aujourd'hui "ambivalente",
et a déclaré en recevant son Golden Globe qu'elle pensait que la
récompense revenait à la vraie reine.
Forest Whitaker, le dernier roi d'Ecosse
Sacré dimanche par un Oscar pour son rôle d'Idi Amin Dada dans
"Le dernier roi d'Ecosse", l'Américain Forest Whitaker retrouve sa
place à Hollywood après une carrière qui n'avait pas tenu toutes
les promesses de ses débuts météoriques.
Forest Whitaker s'est lancé dans un travail en profondeur pour
incarner l'ancien dirigeant ougandais. Il a appris le swahili et
pris l'accent du dictateur en parcourant des heures d'archives
filmées. "J'ai effectué plus de recherches pour ce rôle que pour
tout autre personnage que j'ai jamais joué", a-t-il confié.
Né au Texas il y a 45 ans d'un père romancier et d'une mère
enseignante, Whitaker était entré par accident dans la comédie,
après qu'une blessure au dos eut mis fin à la prometteuse carrière
sportive de ce colosse d'1,89 m et 100 kg.
Le trophée du meilleur acteur dans un second rôle est revenu au
vétéran de Hollywood Alan Arkin. Agé de 72 ans, il a été récompensé
pour son rôle de grand-père acariâtre et obsédé sexuel dans la
comédie déjantée "Little Miss Sunshine".
Jennifer Hudson a de son côté obtenu l'Oscar de la meilleure
actrice dans un second rôle, un trophée inattendu pour cette jeune
Américaine dont le principal titre de gloire était jusqu'à présent
une participation malheureuse à une émission de télé-crochet.
Pour jouer Effie White dans "Dreamgirls" au côté de poids-lourds
comme Jamie Foxx, Beyoncé Knowles et Eddie Murphy dans cette oeuvre
flamboyante sur la carrière d'un groupe de musique "soul" dans les
années 1960 et 1970, Jennifer Hudson s'est distinguée parmi 782
candidates.
"La vie des autres" meilleur film étranger
Le film allemand "La vie des autres", un drame de Florian
Henckel von Donnersmarck sur fond d'espionnage de la Stasi dans les
dernières années de l'Allemagne communiste, a été récompensé dans
la catégorie du meilleur film étranger.
Il était en compétition avec "Indigènes" du Franco-Algérien Rachid
Bouchareb, "Water" (Canada), "Le labyrinthe de Pan" (Mexique) et
"Après le mariage" (Danemark). Le film décrit via l'espionnage d'un
artiste par la Stasi les dernières années de l'Allemagne
communiste, avec une justesse qui lui a valu les honneurs de la
critique et du public.
L'ancien vice-président Al Gore superstar
Le documentaire de l'ancien vice-président des Etats-Unis Al
Gore sur le réchauffement climatique, "Une vérité qui dérange", a
remporté l'Oscar du meilleur film documentaire.
Vice-président des Etats-Unis de 1993 à 2001, candidat malheureux
contre George W. Bush en 2000, Al Gore s'est fait le défenseur de
la lutte contre le réchauffement climatique. Dans ce documentaire
alarmant de 96 minutes, réalisé par Davis Guggenheim, Al Gore met
en garde contre la gravité potentielle du phénomène.
Le compositeur italien Ennio Morricone, récompensé par un Oscar
d'honneur, a écrit plus de 500 musiques de films qui ont établi sa
renommée mondiale, tout en poursuivant une carrière de musicien
classique de talent.
Nommé à cinq reprises aux Oscars, Morricone, 78 ans, était
toujours reparti bredouille de la cérémonie hollywoodienne. L'image
résumant la longue carrière de cet artiste reste le son lancinant
d'harmonica joué par Charles Bronson dans "Il était une fois dans
l'ouest", un film de l'ami de toujours Sergio Leone.
agences/mk
Ils ont dit
Helen Mirren: "Pendant un demi-siècle Elizabeth Windsor a su garder sa dignité, son sens du devoir... et sa coiffure. Je salue son courage et sa constance et je la remercie".
Forest Whitaker : "Quand j'étais enfant, la seule manière pour moi de voir des films était sur la banquette arrière de la voiture familiale au drive-in. Et il n'entrait pas dans ma réalité de penser que je pourrais un jour jouer dans des films".
Martin Scorsese: "Je suis tellement ému, tellement ému. Tellement de gens, toutes ces années, ont souhaité cela pour moi, des inconnus, dans la salle d'attente d'un docteur, dans l'ascenceur".
Le palmarès
Meilleur film:
"Les infiltrés", de Martin Scorsese
Meilleure actrice:
Helen Mirren, dans "The Queen"
Meilleur acteur:
Forest Whitaker, dans "Le dernier roi d'Ecosse"
Meilleur second rôle féminin:
Jennifer Hudson, dans "Dreamgirls"
Meilleur second rôle masculin:
Alan Arkin, dans "Little Miss Sunshine"
Meilleur réalisateur:
Martin Scorsese, "Les infiltrés"
Meilleur film étranger:
"La vie des autres" (Allemagne)
Meilleur film d'animation:
"Happy Feet"
Meilleur scénario original:
"Little Miss Sunshine"
Meilleure adaptation:
"Les infiltrés, de M.Scorsese
Meilleure bande originale:
"Babel"
Meilleur court métrage:
"West Bank Story"
Meilleur court métrage d'animation:
"The Danish Poet"
Meilleur court métrage documentaire:
"The Blood of Yingzhou District"
Meilleur film documentaire:
"Une vérité qui dérange", d'Al Gore
Meilleurs costumes:
"Marie Antoinette"
Meilleure chanson originale:
"I need to wake up" de Melissa Etheridge, "Une vérité qui dérange"
Meilleur montage:
"Les infiltrés"
Meilleur montage sonore:
"Lettres d'Iwo Jima", de Clint Eastwood
Meilleur mixage:
"Dreamgirls"
Meilleurs effets spéciaux:
"Pirates des Caraïbes"
Direction artistique:
"Le labyrinthe de Pan"
Meilleur maquillage:
"Le labyrinthe de Pan"
Meilleure photographie:
"Le labyrinthe de Pan"
Oscar d'honneur:
Ennio Morricone