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"Si Taïwan déclarait son indépendance, la Chine raserait l'île de la carte"

Géopolitis: Taïwan, dos au mur [Reuters - Tyrone Siu]
Taïwan, dos au mur / Geopolitis / 26 min. / le 3 mars 2019
Le président chinois Xi Jinping a récemment rappelé que la réunification avec Taïwan était une priorité. Face à la menace, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen reste intransigeante.

"Si Taïwan déclarait officiellement son indépendance, la Chine réagirait militairement. La nature de cette intervention serait simplement de couler l'île, de la raser", explique dans Géopolitis Lionel Fatton, professeur assistant à la Webster University de Genève.

"Une province rebelle qui déclare son indépendance, c'est tout simplement impensable pour le régime. Cela pourrait donner des idées à Hong Kong, au Tibet ou à la Mongolie intérieure", précise ce spécialiste de la région Asie-Pacifique.

Taïwan et la Chine continentale sont gouvernées séparément depuis la fin de la guerre civile chinoise et la prise du pouvoir par les communistes à Pékin en 1949. La Chine considère l'île comme "une province renégate" et plaide pour la réunification des deux rives du détroit de Taïwan.

La présidente taïwanaise inflexible

Farouche partisane d'une autonomie du territoire taïwanais, comme une large majorité de la population, la présidente Tsai Ing-wen se montre inflexible face aux revendications de Pékin. En proie à des dissenssions au sein de son propre parti, elle est même poussée à davantage de revendications nationalistes.

Taïwan vit dans une situation schizophrénique, étant donné sa dépendance économique vis-à-vis de la Chine.

Lionel Fatton, Webster University

Mais le positionnement de Taïwan n'est pas simple car 30% de ses exportations sont destinées à la Chine continentale. "Taïwan vit dans une situation schizophrénique, étant donné cette importante dépendance économique", analyse Lionel Fatton.

Taïwan de plus en plus isolée

En face, la pression du régime communiste ne cesse de s'accroître. "Xi Jinping veut marquer l'histoire, souligne le chercheur. Il veut réussir ce que ses prédécesseurs n'ont pas réussi en ramenant l'île dans le giron de Pékin. Cette réintégration doit redonner à la Chine sa grandeur impériale".

Parallèlement à l'intimidation militaire, le régime utilise plusieurs leviers pour renforcer son influence sur Taïwan, comme la corruption de fonctionnaires ou de cadres dans les grandes entreprises. "Et il excelle dans le maniement des réseaux sociaux. Son but est de donner une bonne image de la Chine. C'est là que son influence s'exerce vraiment".

Surtout, le régime communiste isole diplomatiquement Taïwan afin de freiner toute velléité d'indépendance: "Sur ce terrain-là, Taïwan est clairement en train de perdre la partie", estime Lionel Fatton. A l'heure actuelle, seuls seize petits pays et le Vatican la reconnaisse encore comme un Etat.

Potentiel d'escalade

La probabilité d'une déclaration d'indépendance de Taïwan et donc de conflit est assez limitée, estime le professeur de la Webster University.

Par contre, si le statu quo actuel devait être rompu, le potentiel d'escalade serait total: "Si Taïwan déclarait son indépendance, la Chine attaquerait, c'est sûr. Les Etats-Unis interviendraient sans doute en réclamant l'appui de leur allié japonais. Au final, on assisterait à une conflagration entre la première, la deuxième et la troisième économie mondiale", conclut Lionel Fatton.

Kevin Gertsch, Marcel Mione

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La mer de Chine méridionale, espace de confrontation

La mer de Chine méridionale est devenue un véritable espace de confrontation pour Pékin qui revendique un droit historique sur la quasi-totalité de cet espace maritime.

A la question taïwanaise se superposent d'autres conflits territoriaux, notamment autour des archipels des Paracels et des Spratleys. La Chine y a déjà construit une dizaine de bases sur des récifs inhabités.

Mais le Vietnam, la Malaisie, les Philippines et le petit royaume de Brunei défendent leur souveraineté, en vertu des conventions internationales.
Saisie par les Philippines en 2016, la Cour d'arbitrage de La Haye, aux Pays-Bas, a désavoué la Chine. Elle estime que Pékin n'a aucun droit de souveraineté sur ces îles. Pékin ne reconnaît pas l'autorité de la Cour et a refusé cet arbitrage.