Publié

Une candidate transgenre vise la tête du gouvernement thaïlandais

Pauline Ngrampring lance un combat pour la visibilité du troisième sexe en Thaïlande. [AP/Keystone - Gemunu Amarasinghe]
C'est arrivé loin de chez vous - Moi, Pauline, transgenre et candidate Première ministre / C'est arrivé loin de chez vous / 2 min. / le 25 février 2019
Pauline Ngrampring vise le poste de Première ministre lors des élections législatives du 24 mars en Thaïlande. La candidate transgenre y voit un combat pour la visibilité du troisième sexe.

Journaliste au quotidien Bangkok Post, puis directeur d’une firme de vêtement de sport bien connue dans le monde du football en Thaïlande Pinit Ngarmpring était aussi père de deux enfants. C’était avant sa décision de "franchir la frontière", selon ses propres mots, dans une salle d’opération de réassignation génitale.

Pinit est devenue Pauline et, à 52 ans, a décidé de se lancer dans la course aux élections pour devenir la Première ministre transgenre du royaume du Siam.

"Nous sommes tous égaux"

Il s'agit, dit-elle, d'un combat pour la visibilité du troisième sexe. "Même si je ne deviens pas Première ministre, tant pis. Ce qui compte, c’est que je sois la première à dire à la société: nous pouvons le faire, nous ne sommes pas meilleurs qu’un homme ou qu’une femme, mais nous sommes égaux."

Son programme est du reste clairement défini par sa transexualité. Même si Pauline Ngrampring se présente sur une liste de gauche libérale, ses objectifs sont clairs: revendication d’un troisième genre, mariage, adoption et prestations sociales équivalentes pour les couples LGBT, et lutte pour l’acceptation du troisième sexe.

Les transgenres "tout juste tolérés" en Thaïlande

Cette dernière population est évaluée à au moins plusieurs centaines de milliers de personnes en Thaïlande. Or, contrairement aux idées reçues - en Occident notamment - les transgenres sont tout juste tolérés en Thaïlande, assure la candidate. Ils sont confinés par la pression sociale dans l’univers du divertissement et de la prostitution.

C’est d’ailleurs pour cela qu’elle réclame aussi la légalisation de la prostitution, une activité toujours formellement interdite dans ce pays pourtant réputé pour le tourisme sexuel. Un sondage mené auprès de la population transgenre indique que 77% de ces personnes ont été victimes de discrimination et 40% se disent harcelées sexuellement.

Un grain de sable dans la machine des militaires

Reste que Pauline Ngrampring n'a a priori aucune chance d’être élue, d’autant que le pays est gouverné depuis cinq ans par des militaires qui ont modifié la Constitution afin de réduire les pouvoirs du prochain gouvernement élu démocratiquement.

Mais la grogne augmente dans la population et secoue peu à peu tout le pays. Pauline ajoute un grain de sable dans la machine bien huilée mise en place par le régime militaire, tout en donnant aux transgenres une visibilité pour - espère-t-elle - leur permettre de pénétrer toutes les couches et tous les milieux de la société thaïlandaise.

Alain Franco/oang

Publié