Une centaine de patients et de personnel médical sont en danger
dans l'hôpital Al-Quds de Gaza, en feu après un bombardement de
l'armée israélienne jeudi, a déclaré dans un communiqué le Comité
international de la Croix-Rouge (CICR).
"L'hôpital a essuyé au moins un tir direct ce (jeudi) matin. Le
second étage a pris feu immédiatement", a précisé Bashar Morad,
directeur des services d'urgence du Croissant-Rouge palestinien.
"Tous les patients ont été transportés dans la panique au
rez-de-chaussée", a-t-il expliqué.
Trois employés de l'Unrwa, la principale agence de l'ONU d'aide
aux réfugiés palestiniens, ont été blessés par des obus de chars
qui ont endommagé son complexe, selon un porte-parole de l'agence
qui a suspendu ses opérations dans l'enceinte après la destruction
de plusieurs entrepôts dans un incendie.
Les attaques israéliennes ont aussi touché un immeuble abritant
les bureaux de plusieurs médias arabes et internationaux. Deux
cameramen palestiniens de la télévision arabe d'Abou Dhabi ont été
blessés.
Condamnation unanime
Le secrétaire général de l'ONU
Ban Ki-moon, arrivé en Israël dans le cadre d'une tournée
régionale, a estimé que les conditions étaient réunies pour que les
combats cessent "maintenant", en jugeant "insupportable" le nombre
des victimes palestiniennes.
Ban Ki-moon s'est dit "scandalisé" par le bombardement du bâtiment
de l'Unrwa, affirmant que le ministre israélien de la Défense Ehud
Barak l'avait qualifié de "grave erreur". Le Premier ministre Ehud
Olmert a présenté des excuses à la suite du bombardement. Mais
selon lui, des hommes armés du Hamas tiraient depuis cet
endroit.
Une épaisse colonne de fumée noire se dégageait en début
d'après-midi des entrepôts de l'Unrwa dans le quartier de Rimal, où
l'incendie à ravagé des dizaines de tonnes d'aide humanitaire et
risquait de se propager dans les réservoirs de fioul, a affirme le
porte-parole Adnan Abou Hasna, estimant les pertes à des dizaines
de millions de dollars.
Le Premier ministre britannique Gordon Brown a condamné le
bombardement israélien "indéfendable" et "inacceptable" de
bâtiments de l'ONU alors que le commissaire européen à l'aide
humanitaire Louis Michel s'est dit "choqué" et "consterné".
En Suisse, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a
condamé "sans ambiguïté" le bombardement israélien du complexe de
l'Unwra dans la bande de Gaza, a-t-il indiqué jeudi dans un
communiqué. Cette condamnation concerne également l'attaque contre
l'hôpital Al-Quds et des bureaux de presse.
Violents affrontements
Quelques heures plus tôt, les chars, appuyés par l'aviation,
avaient avancé sur plusieurs centaines de mètres dans Tal Al-Hawa,
un quartier périphérique de Gaza-ville. Ils y ont affronté des
combattants palestiniens tirant au mortier et à la roquette
anti-char. Une colonne de blindés a pris position dans un parc
public du centre du quartier, forçant des centaines de familles
palestiniennes à fuir les lieux.
Au moins 40 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens ces
dernières heures, selon des sources médicales. L'aviation a en
outre effectué des attaques dans le nord du territoire, où une
femme et ses trois enfants ainsi qu'une jeune voisine ont péri dans
un raid.
Pendant la nuit, la bande de Gaza avait été la cible de violents
bombardements, les plus intenses depuis le début de l'offensive,
selon des habitants. L'armée a affirmé avoir visé "70 cibles" dans
des raids aériens, notamment des sites de lancement de roquettes et
des groupes d'hommes armés.
Entre-temps, les tirs de roquettes à partir de Gaza ont continué.
Selon l'armée, 17 engins sont tombés sans faire de victime sur le
sud d'Israël, où une maison a été touchée à Sdérot.
La diplomatie s'active
Les efforts diplomatiques s'accéléraient
avec l'arrivée du négociateur israélien Amos Gilad en Egypte, les
visites de Ban Ki-moon et du chef de la diplomatie allemande
Frank-Walter Steinmeier et la tenue d'un sommet des monarchies du
Golfe à Ryad.
Amos Gilad discutait dans l'après-midi avec le chef des services
de renseignements égyptiens, le général Omar Souleimane, d'un plan
égyptien de cessez-le-feu. L'Egypte, qui joue les intermédiaires
entre Israël et le Hamas, a affirmé avoir obtenu l'aval du
mouvement islamiste à son plan, ce que ce dernier n'a pas
confirmé.
L'Assemblée générale de l'ONU doit tenir une réunion d'urgence
dans la journée pour appeler au respect de la résolution 1860 du
Conseil de sécurité demandant un cessez-le-feu immédiat à Gaza et
restée lettre morte.
agences/mej/sbo
Situation "dramatique"
Depuis le début de l'offensive le 27 décembre, 1073 Palestiniens ont été tués, dont 355 enfants et 100 femmes, et plus de 5000 blessés, selon un dernier bilan fourni par le chef des services d'urgence à Gaza, Mouawiya Hassanein. Durant cette période, dix militaires et trois civils israéliens ont péri.
La situation humanitaire dans le territoire palestinien surpeuplé et pauvre devient "dramatique", ont par ailleurs affirmé les agences, alors que les habitants fuyant les raids n'ont pas d'endroit où se réfugier.
Un million d'habitants vivent sans électricité, 750'000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU. Le Parlement européen a dénoncé jeudi "le châtiment collectif" infligé par Israël aux Palestiniens de Gaza, en violation du "droit humanitaire international".
Le Hamas en appelle à l'Occident
Le chef du gouvernement du mouvement islamiste Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a appelé jeudi les pays occidentaux à faire pression sur Israël, pour en terminer avec l'offensive militaire contre la bande de Gaza, tout en rappelant ses conditions pour un cessez-le-feu.
Dans un article dans le quotidien britannique The Independent, publié jeudi, Ismaïl Haniyeh déclare que le Hamas accepterait un cessez-le-feu sous des conditions "pures et simples", telles la fin du blocage de la bande de Gaza, l'ouverture des passages et le retrait complet des troupes d'Israël.
"Israël doit mettre fin à sa guerre criminelle et au massacre de notre peuple, en cessant totalement et sans conditions son siège illégal de la bande de Gaza, en rouvrant tous les points de passage de la frontière et en se retirant complètement", dit-il, ajoutant qu'après cela, "nous pourrions considérer d'autres options".
Ismaïl Haniyeh a rejeté les accusations concernant son refus de renouveler le cessez-le-feu de six mois avec Israël en décembre dernier, estimant qu'Israël avait créé "une vie d'enfer" à Gaza, avec un "étranglement" économique.
"Quel que soit le coût, la poursuite des massacres par Israël ne brisera jamais notre aspiration à la liberté et l'indépendance", dit-il.