Cinq des neuf juges de la Cour suprême ont voté pour
l'extradition de Battisti. «Certains types de délits, même s'ils
ont des objectifs politiques, ne peuvent être considérés comme des
crimes politiques. Sinon, on pourrait arriver à avoir des cas de
viols, de pédophilie ou de torture traités comme des crimes
politiques», a argué le président de la cour Gilmar Mendes,
rejetant le fait que Battisti puisse être considéré comme réfugié
politique.
L'ancien militant d'extrême gauche s'est réfugié dans les années
1980 en France et s'est enfui au Brésil en août 2004 pour échapper
à une extradition vers l'Italie. Arrêté en 2007 à Rio de Janeiro,
il est depuis emprisonné à Brasilia.
En janvier dernier, le Brésil avait accordé à l'ancien militant le
statut de réfugié politique, provoquant une forte tension
diplomatique avec Rome.
Le dernier mot à Lula?
Néanmoins, en dépit du vote de la Cour, le sort de Battisti
n'est pas encore scellé et pourrait encore rester longtemps en
prison à Brasilia. En effet, immédiatement après le jugement, la
plus haute instance judiciaire du Brésil a commencé à discuter pour
savoir si le président Lula a le pouvoir de s'opposer à
l'extradition.
Deux thèses s'affrontent: pour certains juges, la Constitution
brésilienne attribue expressément les relations extérieures à
l'exécutif, ce qui donne à Lula le dernier mot. Il a déjà fait
savoir qu'il était opposé à l'extradition. Les autres estiment que
l'existence d'un traité d'extradition entre le Brésil et l'Italie
oblige le chef de l'Etat à respecter la décision de la
justice.
ats/sbo
L'Italie satisfaite
L'Italie réclame Battisti, condamné à perpétuité par contumace pour quatre meurtres commis dans les années 1970. Elle s'est immédiatement félicitée par la voix du ministre des affaires étrangères, Franco Frattini, qui a exprimé sa «grande satisfaction».
«Ma première pensée va aux familles des victimes de Battisti, qui voient enfin reconnu leur droit légitime à obtenir justice», a déclaré le ministre dans un communiqué, publié avant même qu'une décision définitive de Brasilia soit annoncée.
Battisti, qui nie les meurtres, a entamé une grève de la faim en prison depuis six jours. Il affirme qu'il «ne retournera pas vivant en Italie».