«Nous réduisons progressivement le nombre de nos troupes dans la
bande de Gaza mais nous maintenons des unités en alerte à
l'extérieur de l'enclave pour pouvoir faire face rapidement à toute
éventualité», a déclaré un responsable militaire sous couvert de
l'anonymat. L'armée de l'air continue de surveiller toute la bande
de Gaza.
A la question de savoir si l'armée allait se retirer de la bande
de Gaza avant la prestation de serment du président Barack Obama
mardi à Washington, la porte-parole militaire Avital Leibovich a
répondu que "pour l'instant, personne (en Israël) ne parle de
retrait total des troupes".
Un calme très relatif
Le calme a régné pour une deuxième nuit consécutive dans la
bande de Gaza entre lundi et mardi, aucun incident n'ayant été
signalé dans le territoire palestinien depuis l'entrée en vigueur
d'une trêve dimanche, a indiqué la porte-parole israélienne.
Cependant, selon des témoins palestiniens, un bâtiment de la
marine de guerre israélienne a ouvert à l'aube le feu en direction
du nord de la ville de Gaza. L'armée israélienne n'a pas confirmé
cet incident. Dans le centre du territoire, près du point de
passage de Kissoufim, également selon des témoins, des bulldozers
et des tanks ont pénétré de quelques centaines de mètres à
l'intérieur de la bande de Gaza, avant d'en ressortir mardi à
l'aube.
Deux enfants palestiniens ont été tués dans un quartier de
Gaza-ville en jouant avec un obus israélien non explosé tiré lors
de l'offensive, ont indiqué des sources médicales. Toujours selon
elles, un agriculteur palestinien a été tué dans l'est de Jabaliya,
non loin de la clôture frontalière entre la bande de Gaza et
Israël, par des tirs provenant des forces israéliennes stationnées
à la frontière.
Encore 1200 roquettes
Par ailleurs, selon des responsables de la défense cités par la
radio militaire, le Hamas dispose d'encore d'un stock de 1200
roquettes. Durant l'opération, l'armée israélienne est parvenue à
détruire 80% des tunnels reliant l'Egypte au sud de la bande de
Gaza et servant à l'approvisionnement du Hamas notamment en
armement, selon ces responsables qui ont souligné que les
islamistes seront en mesure d'en rouvrir une partie.
Le Hamas, dont le Premier ministre Ismaïl Haniyeh a proclamé une
"victoire historique" contre Israël, avait minimisé lundi les
pertes subies lors de l'offensive, se disant toujours en mesure de
tirer des roquettes sur l'Etat hébreu.
Ban Ki-moon sur le terrain
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon effectuait mardi une
visite à Gaza, où il a inspecté un complexe onusien endommagé lors
de l'offensive israélienne qui a dévasté le territoire palestinien.
Aussitôt arrivé par le passage d'Erez à la frontière entre Israël
et la bande de Gaza, Ban Ki-moon s'est rendu dans le complexe de
l'UNRWA, la principale agence d'aide de l'ONU, sévèrement endommagé
dans un bombardement israélien le 15 janvier à Gaza-ville.
Ces entrepôts de l'UNRWA renfermant des dizaines de tonnes d'aide
humanitaire avaient pris feu lors du bombardement, qui avait fait
trois blessés. Plusieurs écoles gérées par l'ONU ont également été
touchées par des bombardements israéliens, dont le plus meurtrier a
fait plus de 40 morts le 6 janvier à Jabaliya. Ban Ki-moon a
déclaré depuis Gaza que les personnes responsables des
bombardements israéliens ayant touché des bâtiments de l'ONU à Gaza
devront «rendre des comptes devant des instances
judiciaires».
Ban Ki-moon n'a prévu aucune rencontre avec des responsables du
Hamas, considéré comme une organisation terroriste par l'Occident
et par Israël. Après Gaza, le secrétaire général de l'ONU doit
visiter la ville israélienne de Sdérot, distante de quelque 5 km et
cible privilégiée pendant huit ans des tirs de roquettes
palestiniennes depuis la bande de Gaza.
Un besoin d'aide urgent
Des centaines de millions de dollars
d'aide humanitaire sont nécessaires immédiatement pour aider les
1,4 million d'habitants de Gaza et il faudrait des milliards pour
reconstruire les immeubles endommagés et les infrastructures
détruites, a estimé lundi John Holmes, responsable des questions
humanitaires à l'ONU.
Des quartiers ont été presque totalement rasés et de nombreuses
maisons réduites en ruines, a rappelé le diplomate. Les égouts
fuient dans certaines rues, les besoins médicaux et alimentaires
sont immenses, et les obus qui n'ont pas explosé sont un grave
problème, selon lui.
L'eau a été rétablie dimanche pour 100'000 personnes, mais 400'000
autres n'ont toujours pas d'eau courante, l'électricité n'est
disponible que la moitié de la journée, et 100'000 personnes
déplacées n'ont plus de foyer, a résumé le responsable
onusien.
afp/ap/sbo
Israël accusé de «crimes de guerre»
Israël prépare sa défense face à des accusations de «crimes de guerre» après son offensive meurtrière dans la bande de Gaza. Une action juridique contre l'Etat hébreu a toutefois peu de chances d'aboutir, relèvent plusieurs experts.
Israël, qui a promis de mener une enquête sur les bombardements massifs contre des zones habitées dans la bande de Gaza, affirme rassembler des preuves pour démontrer que ses objectifs étaient uniquement militaires.
«Israël veut être en mesure de présenter des preuves démontrant que la majorité des immeubles démolis étaient utilisés par les combattants. Beaucoup étaient piégés, utilisés pour tirer des roquettes et entreposer des armes», explique le ministre des affaires sociales Yitzhak Herzog.
Des photos aériennes et des documents filmés par les soldats sur le terrain équipés de caméra vidéo durant les combats, sont en ce moment rassemblés pour renforcer la thèse israélienne selon laquelle les bombardements étaient légalement justifiés.
Selon les services d'urgence de Gaza, plus de 1300 Palestiniens et 13 Israéliens sont morts et plus de 5000 ont été blessés lors de cette opération de 22 jours qui visait officiellement le Hamas. Au moins 65 % des victimes sont des civils et parmi les morts se trouvent plus de 400 enfants et une centaine de femmes.
Amnesty a accusé lundi l'Etat hébreu de «crimes de guerre». Pour l'expert de l'ONU sur les droits de l'homme dans les territoires palestiniens, Richard Falk, la punition collective infligée par Israël à la population s'assimile à «un crime contre l'humanité».
La Bolivie, la Fédération internationale des droits de l'homme et un groupe d'avocats ont déjà fait savoir qu'elles voulaient saisir la Cour pénale internationale (CPI), compétente pour les crimes de guerre et contre l'humanité.