"Il est le plus grand responsable des meurtres commis contre mon
peuple et j'ai donc modestement voulu faire quelque chose pour les
victimes", a dit Mountazer al-Zaïdi au premier jour d'un procès qui
a été rapidement ajourné au 12 mars.
"Avec son sourire glacial, Bush plaisantait avec le premier
ministre sur un dîner après la conférence de presse. J'ai été
envahi par la colère, je ne voyais plus que lui", a ajouté
l'accusé, un drapeau irakien autour du cou.
Pas l'intention de tuer
Puis se remémorant cette soirée du
14 décembre 2008, il a ajouté: "tout s'est assombri autour de moi,
j'ai pris ma première chaussure et je l'ai lancée sans l'atteindre,
puis j'ai jeté la seconde. Je n'avais pas l'intention de tuer le
commandant des forces d'occupation en Irak ni de toucher le premier
ministre" irakien, Nouri al-Maliki.
Selon le code pénal irakien, ce geste pourrait coûter à l'accusé
de cinq à quinze ans de prison si le qualificatif "d'agression
caractérisée" est retenu. Mais le tribunal peut estimer qu'il
s'agit seulement d'une "tentative d'agression", punie d'un à cinq
ans de prison.
Dans une salle bondée, le journaliste de la chaîne de télévision
Al-Baghdadiya a exposé les motifs de sa colère. "J'ai été invité
normalement à cette conférence de presse mais les agents de
sécurité américains ont fait sortir les journalistes irakiens pour
les fouiller de manière humiliante alors que nous sommes sur notre
sol", a-t-il dit à la cour.
Outré par George W.Bush
Ce reporter agé de 30 ans s'est déclaré outré par le président
Bush. "Il parlait des victoires et des réussites (américaines) en
Irak mais moi ce que je vois en matière de réussite, c'est un
million de martyrs, le sang versé, les mosquées perquisitionnées,
les Irakiennes violées, les Irakiens humiliés", a-t-il dit.
En pleine conférence de presse, Mountazer al-Zaïdi s'était levé et
avait crié au président américain qui effectuait une dernière
visite en Irak avant son départ de la Maison Blanche: "C'est le
baiser de l'adieu, espèce de chien", avant de lui lancer ses
chaussures.
ats/cab
Demande d'asile en Suisse
Le journaliste irakien qui a lancé en décembre ses chaussures sur George W. Bush, alors président des Etats-Unis, a demandé l'asile en Suisse.
Son avocat genevois estime que le reporter est menacé dans son pays.
Me Mauro Poggia a confirmé jeudi à l'ATS avoir envoyé la demande d'asile de son client à l'Office fédéral des migrations (ODM) la veille au soir.
Les violences que le journaliste Mountazer al-Zaïdi dit avoir subies "émanent du pouvoir en place, qui est pro-américain", a déclaré l'avocat genevois mercredi sur les ondes de la Radio suisse romande (RSR).
Le fait que le jeune homme de trente ans soit en prison depuis deux mois "montre qu'il y a une volonté de sévérité excessive", a-t-il estimé.
L'avocat avait annoncé mi-janvier son intention de contacter les autorités fédérales car son client souhaitait obtenir l'asile en Suisse.
Il entendait entamer des démarches en ce sens dès la sortie de prison du journaliste. Selon l'avocat, Mountazer al-Zaïdi aimerait bien trouver refuge à Genève, où il pourrait exercer son métier en tant que correspondant à l'ONU.