Le décret, déjà signé par le pape, lève l'excommunication des
quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre, dont celle de son
successeur Mgr Bernard Fellay. Il doit être rendu public d'ici la
fin de la semaine, selon le vaticaniste d'Il Giornale Andrea
Tornielli, généralement bien informé. L'information n'a été ni
démentie ni confirmée par le Vatican.
Vatican II
Cette mesure de Benoît XVI fait suite à de précédents gestes du
pape allemand pour mettre fin au schisme intégriste, avec notamment
la réhabilitation en juillet 2007 de la "messe tridentine" en latin
abandonnée après le concile Vatican II (1962-65).
En juin 2008, le Vatican a aussi renoncé à exiger explicitement
des adeptes de Mgr Lefebvre, regroupés dans la Fraternité
sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) dirigée par Mgr Fellay, la
reconnaissance du concile Vatican II (liberté religieuse et
ouverture à la société). Il leur avait simplement demandé de
s'engager à ne pas mettre en cause la personne du pape ou à faire
des déclarations en contradiction avec l'Eglise.
Depuis le début de son pontificat en avril 2005, Benoît XVI n'a
pas ménagé ses efforts pour réintégrer les Lefebvristes. Il avait
reçu en privé Mgr Fellay durant l'été 2005. Selon Andrea Tornielli,
le prochain geste devrait être l'attribution d'un statut juridique
au sein de l'Eglise catholique à la Fraternité et à ses quelque 500
prêtres.
afp/ant
150'000 fidèles
La Fraternité, dont le siège est à Ecône (Valais), revendique 150'000 fidèles à travers le monde, particulièrement en France et au Brésil.
Mgr Marcel Lefebvre a fondé la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X en 1971.
Le séminaire d'Écône, sur la commune valaisanne de Riddes, est l'une des six maisons de formation de la Fraternité.
Le corps du fondateur de la Fraternité repose à Écône depuis sa mort en 1991.
Pas forcément la signature du pape
Selon une source proche du Vatican, le décret consacrant la réintégration de ses évêques pourrait ne pas porter la signature du pape même s'il en a nécessairement approuvé la promulgation.
En juin 1988, c'est un décret du cardinal Bernardin Gantin, préfet de la Congrégation pour les évêques, qui avait constaté "l'acte schismatique" accompli par Mgr Lefebvre en ordonnant quatre évêques, un acte réservé au pape.
Ces prélats avaient été excommuniés de fait mais la mesure lourde de conséquences pour eux et pour les prêtres qui les ont suivis ou qu'ils ont ordonnés par la suite, épargnait leurs fidèles, considérés comme des "frères séparés" susceptibles de réintégrer la "pleine communion" de l'Eglise sans autre forme de procès.