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Le Vatican réintègre des évêques intégristes

Ecône refuse les aspects novateurs du concile Vatican II.
Ecône refuse les aspects novateurs du concile Vatican II.
Le Vatican a annulé samedi l'excommunication des évêques intégristes ordonnée en 1988 par Mgr Marcel Lefebvre en dépit des déclarations négationnistes de l'un d'entre eux, par un décret daté du 21 janvier rendu public samedi.

La décision du pape Benoît XVI figure dans un décret daté du 21
janvier et rendu public samedi. Elle lève les excommunications qui
frappaient les évêques de la fraternité sacerdotale Saint Pie X,
Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et
Alfonso de Galaretta.

Le porte-parole du Vatican Federico Lombardi a salué comme "une
bonne nouvelle" la levée de l'excommunication, "un pas très
important vers la reconstitution de la pleine communion de
l'Eglise".

Lettre des intégristes

Le décret indique que les quatre évêques intégristes ont
eux-mêmes demandé la levée de leur excommunication par une lettre
en date du 15 décembre. Dans cette lettre, ils ont assuré leur
"détermination à rester au sein de l'Eglise catholique romaine", à
accepter ses enseignements "avec un esprit filial" et à respecter
le "primat" du pape.



Benoît XVI avait reçu le chef de la FSSPX, Mgr Bernard Fellay,
durant l'été 2005. Il a aussi libéralisé la messe en latin, un
préalable posé par les intégristes, et satisfait leur attachement à
la tradition en mettant l'accent sur les éléments de "continuité"
du concile Vatican II au détriment de ses aspects novateurs.

Propos négationnistes

Mgr Williamson, l'un des évêques de la fraternité, a nié
récemment à la télévision suédoise l'existence des chambres à gaz.
Selon le père Lombardi, les déclarations du prélat britannique de
67 ans n'ont "aucun rapport" avec la mesure prise par le Vatican.
Il a assuré que la fraternité a "pris ses distances" avec
elles.



"Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz (...) Je pense que
200'000 à 300'000 Juifs ont péri dans les camps de concentration,
mais pas un seul dans les chambres à gaz", a déclaré Mgr Williamson
dans un entretien diffusé jeudi soir par la chaîne publique SVT,
mais datant de novembre.

Vive émotion

Le parquet de Ratisbonne, en Allemagne, a annoncé l'ouverture
d'une enquête. Ces propos ont soulevé une vive émotion. En France,
la Licra (ligue contre le racisme et l'antisémitisme) a estimé que
la réhabilitation de cet évêque serait "un recul inquiétant dans la
politique menée par l'Eglise contre l'antisémitisme depuis le
concile Vatican II".



Le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, s'était dit "choqué"
par les propos de Mgr Williamson et avait estimé que la levée de
son excommunication serait "une blessure profonde" pour le dialogue
entre l'Eglise catholique et les Juifs.

La FSSPX se lave les mains

Mgr Bernard Fellay estime que les opinions négationnistes
exprimées par Mgr Richard Williamson n'engagent que lui. "Il est
évident qu'un évêque ne peut parler avec l'autorité épiscopale que
des questions de foi et de morale", écrit samedi le supérieur
général de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X.



"Il est très dommage d'utiliser une interview religieuse pour
introduire des questions séculières et controversées avec
l'intention évidente de mal représenter ou mettre à mal l'activité
de notre Fraternité. Une telle tentative n'atteindra pas son but",
écrit encore Mgr Fellay dans son communiqué.



afp/ats/mej

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Une communauté fondée en 1970

La Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), communauté intégriste fondée en 1970 par Mgr Marcel Lefebvre, a refusé les principales décisions du concile Vatican II (1962-65), comme le dialogue interreligieux, la liberté religieuse et la messe en langue courante.

Elle est en marge du Vatican depuis que Mgr Lefebvre a ordonné quatre évêques en 1988, ce qui leur a valu l'excommunication.

La Fraternité, dont le siège est à Menzingen (Suisse), revendique près de 1000 maisons dans le monde, 6 séminaires (dont celui d'Ecône, en Valais), 159 prieurés, 725 centres de messes, 2 instituts universitaires, 88 écoles et 7 maisons de retraite pour personnes âgées.

Elle dit compter 471 prêtres (moyenne d'âge: 41 ans), 182 séminaristes, 90 frères, 157 soeurs et 74 oblates. Elle est implantée dans une trentaine de pays et déclare réunir 150'000 fidèles, particulièrement en France et au Brésil.

En France, la Fraternité compterait entre 25'000 et 35'000 fidèles. Elle annonce 141 prêtres, 60 séminaristes, 35 prieurés, environ 200 religieux et religieuses, 3000 enfants scolarisés (23 écoles primaires, huit établissements secondaires pour garçons et 11 établissements secondaires pour filles). Elle a aussi un institut universitaire à Paris.

Une partie des catholiques traditionalistes n'a pas suivi Mgr Lefebvre dans sa rupture avec Rome. Ils seraient environ de 30'000 à 40'000 actuellement.