«Nous montrerons clairement au monde entier que l'Amérique est
prête à prendre la tête» du combat, a dit Barack Obama. Les mesures
annoncées lundi signifient une nouvelle remise en cause des
politiques suivies par son prédécesseur George W. Bush, même si M.
Obama a souligné que le réchauffement climatique n'était que l'une
des raisons de cette nouvelle politique, avec la dépendance
énergétique des Etats-Unis et la nécessité de créer de nouveaux
emplois.
Une rupture totale
La rupture avec l'administration Bush, attendue par une bonne
partie de la communauté internationale, a été signalée lundi avec
la nomination d'un émissaire chargé du réchauffement climatique. La
secrétaire d'Etat Hillary Clinton a choisi Todd Stern, ancien
conseiller du président Bill Clinton de 1993 à 1998 et acteur de
premier plan des négociations du Protocole de Kyoto de 1997 à 1999,
selon un responsable du département d'Etat.
De son côté, Barack Obama a signé, moins d'une semaine après son
investiture, deux premiers documents relatifs à l'énergie et
l'environnement. Le premier demande à son gouvernement un réexamen
immédiat du refus opposé par l'administration Bush à ce que l'Etat
de Californie, à la pointe du combat contre la pollution, impose
ses propres règles, plus strictes que celles de l'Etat fédéral,
pour limiter les émissions automobiles de gaz à effet de
serre.
Barack Obama a aussi demandé à son administration de presser le
mouvement pour qu'une loi de 2007 sur la consommation de carburant
s'applique aux véhicules dès l'année 2011. La loi impose que le
parc automobile américain affiche d'ici à 2020 au plus tard une
consommation moyenne de 35 miles au gallon (plus de 56 kilomètres
pour 3,78 litres), mais les règles d'application n'ont pas été
publiées.
Administration Bush critiquée
Barack Obama a durement critiqué l'inertie de Washington depuis
30 ans. «Je veux signifier clairement, dès le début de cette
administration, que nous avons fait notre choix: l'Amérique ne sera
pas l'otage de ressources qui s'amenuisent, de régimes hostiles et
du réchauffement de la planète», a-t-il dit.
Barack Obama s'en est vigoureusement pris, en termes à peine
voilés, aux politiques de George W. Bush. La résistance de ce
dernier au Protocole de Kyoto et à des quotas contraignants
d'émissions de gaz à effet de serre a été dénoncée par les
défenseurs de l'environnement comme un obstacle majeur à un plan
international efficace de lutte contre le réchauffement climatique.
«Les temps où Washington traînait les pieds sont révolus», a-t il
dit.
Les mesures devraient forcer l'industrie automobile à produire des
véhicules moins gourmands et plus respectueux de l'environnement.
L'industrie automobile américaine a résisté à des normes plus
astreignantes, et de nouvelles normes représentent un défi
supplémentaire pour un secteur qui lutte actuellement pour sa
survie. Barack Obama a assuré que l'Etat prendrait «totalement en
compte» les difficultés de l'industrie automobile et qu'il ne
s'agissait pas «d'alourdir encore le fardeau» pesant sur
elle.
ats/sbo
Satisfaction du côté de Los Angeles
Le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger s'est félicité lundi des annonces du président Barack Obama sur la réduction des émissions polluantes, jugeant que "la Californie et l'environnement ont désormais un allié fort à la Maison Blanche".
"Permettre à la Californie et à d'autres Etats (américains) de réduire fortement leurs propres émissions de gaz automobiles polluants constituerait une victoire historique pour la pureté de l'air et pour des millions d'Américains qui souhaitent des voitures plus économes et respectueuses de l'environnement", a ajouté Arnold Schwarzenegger.
La Californie a voté en 2002 une loi imposant aux constructeurs automobiles de réduire de 30% entre 2009 et 2016 les émissions polluantes des véhicules mais l'Agence de protection de l'environnement (EPA) a refusé de lui accorder la dérogation nécessaire à la mise en place de ces normes plus restrictives. De nombreux autres Etats sont prêts à adopter ces nouvelles mesures.
En 2006, Arnold Schwarzenegger a promulgué une loi sur la réduction des gaz à effet de serre dans son Etat. La Californie devenait ainsi le premier Etat des Etats-Unis à s'engager à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, conformément au protocole de Kyoto.
Les Etats-Unis, responsables de 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, n'ont pas ratifié ce texte conclu en 1997 et entré en vigueur en 2005. Le président Bush répétait que les contraintes liées à ce traité international menaçaient les industries de son pays.
Selon Carl Pope, responsable du puissant groupe de protection de l'environnement Sierra Club, le réexamen de la demande d'exemption californienne «mérite les applaudissements les plus énergiques». Il relève que 15 Etats attendent d'appliquer les mêmes normes que la Californie.
Le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger s'est aussi félicité de cette annonce, jugeant que «la Californie et l'environnement ont désormais un allié fort à la Maison Blanche».