Ces chiffres ont été communiqués par la police, citée par la télévision nationale. Des journalistes de l'AFP ont eux dénombré une dizaine de blessés chez les manifestants, cibles de coups de matraque, de pierres que renvoyaient certains policiers, d'éclats de grenade lacrymogènes ou intoxiqués par les gaz.
La police a procédé dans la journée à 45 arrestations. La mobilisation, bien supérieure à celle de la semaine passée à Alger, était le principal enjeu de ce vendredi, alors qu'il reste moins de trois jours au camp présidentiel pour déposer dans les délais - jusqu'à dimanche minuit locale - le dossier de candidature d'Abdelaziz Bouteflika devant la Conseil constitutionnel. Des sources sécuritaires ont fait état de "plusieurs dizaines de milliers de personnes" dans les rues de la capitale.
En annonçant le 10 février sa candidature à la présidentielle du 18 avril, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999 et qui souffre des séquelles d'un accident vasculaire cérébral depuis 2013, a mis fin à de longs mois d'incertitude mais aussi déclenché une contestation d'ampleur inédite en 20 ans et le visant directement, du jamais vu.
La police débordée
Brandissant des drapeaux algériens, une foule impressionnante s'est rassemblée en début d'après-midi aux cris de "Pouvoir assassin" sur la Place de la Grande-Poste, bâtiment emblématique du centre de la capitale.
Le cortège, composé d'hommes et de femmes de tous âges, a remonté le long de l'une des principales artères qui débouche sur la place.
Non loin, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour empêcher des manifestants d'accéder à la Place du 1er Mai, mais a rapidement été débordée par le flux de manifestants convergeant des rues qui y débouchent de plusieurs quartiers.
Manifestations dans d'autres villes
D'autres rassemblements ont été signalés dans plusieurs localités algériennes, selon le site d'information TSA (Tout sur l'Algérie), à Oran, deuxième ville du pays, Tizi-Ouzou (90 km à l'est d'Alger), Bouira et Sétif (90 km et 200 km au sud-est).
Jeudi, une dizaine de journalistes algériens ont été détenus durant plusieurs heures après avoir participé à Alger à un rassemblement "contre la censure".
afp/kkub
Bouteflika toujours hospitalisé à Genève
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika est à Genève depuis dimanche, où il est hospitalisé aux HUG pour y effectuer ses contrôles médicaux périodiques.
Le chef d'Etat se trouve dans une division privée, séparé des autres patients. La sécurité aurait été renforcée. Le service de la communication des HUG indique avoir été contacté par des médias français, espagnols ou encore américains.