"On se dirige vers un compromis", a déclaré Silvio Berlusconi à
Bruxelles, en marge du sommet de l'Union européenne. "L'Italie est
en train d'obtenir tout ce qu'elle veut", a ajouté le chef du
gouvernement italien, l'un des plus récalcitrants.
Rome demande notamment que son industrie manufacturière
bénéficie d'exemptions très larges dans le cadre du plan européen
sur le climat, qui prévoit de faire payer des droits de pollution à
la quasi-totalité des industriels.
L'Italie souhaite aussi une "clause de rendez-vous" pour pouvoir
réexaminer les décisions qui seront prises par l'Europe. Peu avant
le sommet, jeudi matin, Silvio Berlusconi avait encore menacé de
mettre son veto au plan européen, si les concessions réclamées par
l'Italie n'étaient pas acceptées.
Dispositions assouplies
"Un consensus est en train de se dégager et un accord est fort
probable demain" vendredi, a estimé un responsable sous couvert de
l'anonymat, après un premier tour de table à 27 au sommet européen
sur les dernières propositions de la présidence française de l'UE
pour appliquer ce plan.
La France a assoupli les dispositions prévues, en élargissant
notamment les critères permettant à certains secteurs industriels
de bénéficier de droits à polluer gratuits, notamment lorsqu'ils
doivent faire face à une concurrence importante en dehors de
l'UE.
Elle a aussi proposé que les pays riches de l'UE aident un peu
plus que prévu initialement les pays de l'Est plus pauvres pour
qu'ils s'adaptent à la révolution verte que devrait engendrer le
plan.
Les Européens veulent s'engager sur les moyens de parvenir à un
triple objectif pour 2020: réduire de 20% leurs émissions de gaz à
effet de serre par rapport à leurs niveaux de 1990, porter la part
des énergies renouvelables à 20% de la consommation et réaliser 20%
d'économies d'énergie.
Clarifications demandées
"Je crois que nous pouvons trouver un accord, la proposition
soumise par la présidence française est très raisonnable et très
équilibrée. Donc il y a une forte chance d'avoir une solution, où
il n'y aura ni perdants ni gagnants", estimait en début de soirée
le Tchèque Alexandr Vondra, vice-Premier ministre chargé des
affaires européennes.
"Certaines délégations demanderont des clarifications dans les
annexes qui définissent les règles du jeu", a-t-il ajouté. Italiens
et les Hongrois ont encore demandé des modifications aux
propositions, selon des diplomates. D'autre, comme la Suède, ont en
revanche fait part de leur intention de renoncer à toute demande
pour faciliter un accord, a-t-on appris de source
diplomatique.
Les dirigeants doivent aussi débattre du plan de relance européen
face à la crise économique - qui contribue à leur faire défendre
âprement leurs industries - et pour lequel l'Allemagne est là
encore sur la sellette.
agences/ps/dk
Traité de Lisbonne: sortie de crise?
Les dirigeants européens se sont mis d'accord jeudi pour sortir le traité de Lisbonne de l'impasse: Dublin est disposé à organiser un nouveau référendum d'ici fin 2009, en échange de garanties dont le maintien de son commissaire à Bruxelles.
L'accord prévoit que l'Irlande, où un référendum est obligatoire sur ces questions, s'engage "à chercher à obtenir la ratification du traité de Lisbonne d'ici à la fin du mandat de l'actuelle Commission" européenne, le 1er novembre 2009.
Les électeurs irlandais l'avaient rejeté lors d'un premier référendum en juin, replongeant l'Europe dans la crise institutionnelle, le traité de Lisbonne étant lui-même une version réduite du projet mort-né de Constitution européenne, auquel les électeurs français et néerlandais s'étaient déjà opposés en 2005.
L'Irlande est l'un des deux seuls pays à ne pas encore avoir ratifié ce texte, censé faire mieux fonctionner l'Union européenne à 27 pays, avec la création en particulier d'un poste de président permanent et un chef de la diplomatie aux prérogatives renforcées.
En contrepartie d'une promesse de nouveau référendum en Irlande (comme cela avait été le cas en 2002 pour faire adopter le traité de Nice), ses partenaires européens sont prêts à répondre "avec les garanties juridiques nécessaires" à quatre souhaits de Dublin.
Dublin demande la non remise en cause de la neutralité militaire du pays, de son autonomie fiscale et de l'interdiction de l'avortement, et surtout le maintien du principe d'un commissaire européen par pays de l'UE.
Le traité de Lisbonne doit théoriquement entraîner la suppression de ce principe à partir de 2014, date à laquelle seuls les deux-tiers des pays seraient représentés en permanence au sein de l'exécutif européen.