"Axios, axios, axios" ("il est digne" en grec), se sont exclamés
les quelque 4000 invités de la cérémonie, dignitaires orthodoxes
portant des robes dorées, représentants d'autres confessions,
responsables politiques et simples croyants réunis à l'intérieur de
l'imposante bâtisse, en plein centre de Moscou.
A ce moment précis, Kirill, qui avait été élu mardi par un
concile dans la même cathédrale, est officiellement devenu le chef
de l'Eglise orthodoxe russe. Quelques minutes auparavant, il avait
revêtu l'habit de patriarche et les métropolites de Kiev et de
Minsk l'avaient fait asseoir trois fois sur le trône, conformément
au rite en vigueur.
Robe verte et coiffure blanche
A la fin de la cérémonie, il s'est paré de
la robe verte de patriarche et d'une coiffure blanche arrondie
surmontée d'une croix dénommée "koukol". Il s'est vu confier la
crosse en bois incrusté d'or du métropolite Piotr (datant du XIVe
siècle), l'une des reliques les plus précieuses de l'Eglise
orthodoxe russe. Symbolisant le pouvoir spirituel, elle est en
temps normal exposée dans les musées du Kremlin.
Le président russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir
Poutine étaient présents à la cérémonie avec leur épouse
respective. Le président Medvedev a prôné un dialogue "intense et
solidaire" avec le nouveau chef de l'Eglise orthodoxe russe dans un
discours à la fin de la cérémonie. L'épouse du président, Svetlana,
a été la première personne à recevoir la communion du
patriarche.
afp/bri
Un patriarche ouvert
Agé de 62 ans, le métropolite de Smolensk et de Kaliningrad Kirill était à la tête de la diplomatie de l'Eglise depuis 1989. Il a rencontré trois fois le pape Benoît XVI.
Les manières de Kirill, très médiatique, le distinguent des autres dignitaires orthodoxes et lui attirent des critiques au sein du clergé fondamentaliste. Il est jugé ouvert sur le monde. Ses détracteurs lui reprochent d'avoir des sympathies pour les catholiques.
Le nouveau patriarche a des passe-temps modernes comme le ski alpin «parce que cela permet de surmonter l'instinct de conservation et la faiblesse humaine». Il ne s'oppose pas au rock dont «quelques phrases peuvent produire plus d'effets sur les jeunes qu'un sermon à l'église».
Les observateurs considèrent que ce fils et petit-fils de prêtre pourrait moderniser la communication de l'Eglise en Russie tout en restant traditionaliste sur le fond.
Kirill souhaite voir l'orthodoxie jouer un rôle plus important dans la vie politique et sociale russe. Les autorités ont l'habitude d'influencer, voire de contrôler le patriarcat.
Depuis la chute du communisme, l'Eglise orthodoxe connaît une renaissance foudroyante en Russie où elle est redevenue un ciment de l'identité nationale, occupant le vide laissé par l'effondrement de l'idéologie soviétique.
Trois habitants sur quatre se disent orthodoxes, contre un quart peu avant la chute de l'URSS.