"Les ministres sont tombés d'accord pour reprendre formellement
les relations avec la Russie", a déclaré le secrétaire général de
l'organisation, Jaap de Hoop Scheffer, à l'issue d'une réunion des
chefs de la diplomatie des 26 pays alliés, à laquelle participait
pour la première fois la secrétaire d'Etat américaine Hillary
Clinton.
Moscou mi-figue mi raisin
Moscou a salué cette décision, mais a déploré qu'elle ait été
"unilatérale". "C'est un pas dans la bonne direction. Au bout du
compte, le bon sens l'a emporté", a déclaré le ministère russe des
Affaires étrangères.
Selon Jaap de Hoop Scheffer, la prochaine réunion ministérielle du
Conseil OTAN-Russie "se tiendra dès que possible après le sommet"
que tient l'OTAN pour son 60e anniversaire les 3 et 4 avril à
Strasbourg et Kehl (Allemagne). L'ambassadeur russe à Bruxelles,
Dimitri Rogozine, a de son côté affirmé qu'une première réunion "au
niveau des ambassadeurs se tiendra en avril".
"Nous souhaitons travailler avec les Russes même si nous avons des
différences fondamentales", a souligné Jaap de Hoop Scheffer,
rappelant que les Occidentaux avaient été "choqués" par la manière,
de façon à leur avis disproportionnée, dont Moscou a réagi
vis-à-vis de la Géorgie. "La Russie est un acteur mondial et ne pas
lui parler n'est pas une option", a-t-il fait valoir.
Désaccords et points communs
Malgré les "désaccords fondamentaux", l'OTAN et la Russie ont de
nombreux intérêts en commun, a aussi rappelé Jaap de Hoop Scheffer:
terrorisme, voies d'approvisionnement pour l'Afghanistan via la
Russie, lutte contre le narcotrafic et lutte contre la
prolifération des armes de destruction massive.
Les Etats-Unis ont ainsi proposé à leurs alliés de l'OTAN la tenue
le 31 mars d'une conférence internationale sur l'Afghanistan afin
d'élaborer une nouvelle stratégie. Les principales organisations
internationales et bailleurs de fonds, les pays de l'OTAN et ceux
ayant engagé des forces dans les opérations en Afghanistan seraient
invités, tout comme l'Iran et le Pakistan.
agences/mej
Un débat "vif et long" à l'OTAN
Selon le ministre français Bernard Kouchner, le débat a été "vif et long". "Il fallait voir comment renouer la relation avec la Russie, ce qui a été accepté, et comment leur faire savoir notre désapprobation" sur la Géorgie, a-t-il dit.
Tout au long de la journée, les poids lourds de l'Alliance s'étaient relayés pour appeler à cette reprise du dialogue formel, mais la Lituanie a longtemps bloqué un accord.
Vilnius jugeait "prématuré" ce réengagement et voulait rouvrir ce dossier au niveau des chefs d'Etat en avril. Hillary Clinton a ainsi estimé devant ses pairs de l'organisation atlantique qu'il était "temps d'envisager un nouveau départ".
"Nous pouvons et nous devons trouver les moyens de travailler de manière constructive avec la Russie là où nous avons des intérêts communs, notamment pour aider le peuple d'Afghanistan", a-t-elle dit.
Son homologue britannique David Miliband a quant à lui affirmé que "la Russie a besoin de l'Ouest autant que l'Ouest a besoin de se réengager avec la Russie".
Hormis la Lituanie, les pays d'Europe centrale et orientale se sont ralliés à cette position, jugeant que le temps était venu d'ouvrir une page de coopération.
Pour Washington ou Paris, la reprise des négociations ne signifie toutefois pas que tous les points de désaccord ont disparu.
Il est ainsi hors de question de reconnaître de près ou de loin une quelconque sphère d'influence russe sur les pays de l'ancien bloc soviétique. Et l'OTAN reste fermement opposée à la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.