Sur l'échiquier du conflit syrien, les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont aujourd'hui l'une des composantes les plus importantes. Elles contrôlent près d'un tiers du territoire.
Grâce à l'appui de la coalition internationale, les FDS, à majorité kurde, ont repoussé les assauts du groupe Etat islamique et sont en passe de réduire leur dernière poche de résistance.
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"Ils ont attaqué Kobané [ville à la frontière turque, ndlr] et étaient en marche pour attaquer le reste du monde. Alors nous les avons combattus avec force pour les empêcher de s'étendre dans d'autres endroits du monde", raconte à la RTS Hogar Hazan, un combattant des FDS.
Mais cette victoire pourrait bien laisser un goût amer à ces combattants, qui ont joué le rôle de fantassins des Occidentaux et qui ont payé un lourd tribut dans la lutte contre Daesh.
La menace du retrait
En annonçant de manière abrupte en fin d'année dernière son intention de retirer ses troupes de Syrie, le président américain Donald Trump a provoqué un vent de panique au sein des forces kurdes.
Les Kurdes ont profité de leur conquête sur les territoires tenus par le groupe Etat islamique pour établir une administration autonome, loin du contrôle de Damas. Mais sans le bouclier créé par la présence américaine, ce territoire nommé Rojava se retrouverait seul face à de puissants ennemis.
Damas veut reprendre le contrôle
Le régime syrien ne s'en cache pas, cette zone autonome échappant à son contrôle n'est pas du tout à son goût et Damas a annoncé à de nombreuses reprises vouloir y rétablir son autorité.
Les autorités kurdes locales n'affichent pas pour l'heure de volonté d'indépendance et souhaitent conserver l'unité de la Syrie à condition de pouvoir conserver leurs acquis dans une future Syrie décentralisée. Une idée rejetée par Bachar Al-Assad, qui pourrait bien lancer son armée contre la région en cas de retrait américain.
D'une guerre à l'autre?
Outre la menace de Damas, le plus grand risque de conflit pour les Kurdes syriens se situe plutôt du côté de la Turquie. Son puissant voisin est ulcéré par la présence d'une zone kurde autonome à sa frontière, d'autant que le parti kurde dominant le Rojava est étroitement lié au PKK turc, l'organisation autonomiste considérée comme terroriste par Ankara, mais aussi par l'Union européenne et les Etats-Unis.
Le Président turc Recep Tayyip Erdogan affirme être prêt à "nettoyer" la région à tout moment, une menace prise très au sérieux par les milices kurdes qui attendent avec anxiété que la Maison Blanche ordonne ou non un retrait complet définitif de ses troupes.
"Les menaces turques ne sont pas nouvelles, cela fait 40 ans que ça dure et nous avons l'habitude. Nous sommes prêts à nous défendre même si nous restons seuls devant eux", affirme Araf Ramadan, un Kurde des Forces démocratiques syriennes.
Prêts à se défendre. Mais dans la ville de Kobané à majorité kurde, tout le monde redoute toutefois une nouvelle bataille, alors que la vie reprend à peine ses droits après huit ans de guerre.
Antoine Silacci, envoyé spécial à Kobané /fme