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Irak: charges annulées contre les Blackwater

Plusieurs employés de Blackwater sont accusés d'avoir abattu des civils.
Plusieurs employés de Blackwater sont accusés d'avoir abattu des civils.
Les Etats-Unis abandonnent les poursuites contre cinq employés de Blackwater accusés de la mort d'au moins 14 civils irakiens en 2007. Indigné, Bagdad a annoncé vendredi avoir lancé des démarches pour faire juger la compagnie de sécurité américaine.

Le juge fédéral Ricardo Urbina a estimé que le ministère de la
justice, qui poursuivait cinq agents, n'a pas respecté les droits
constitutionnels des accusés. Il lui reproche notamment d'avoir
utilisé des dépositions recueillies par des enquêteurs du
Département d'Etat. Ceux-ci auraient menacé les agents de
Blackwater de les faire licencier.



«Dans leur zèle à accuser les suspects, les enquêteurs ont obtenu
de façon agressive des déclarations que les parties de la défense
ont été obligées de faire aux représentants du gouvernement juste
après la fusillade», reproche le juge aux enquêteurs.



«Les explications offertes par les enquêteurs afin de persuader le
tribunal qu'ils n'avaient pas utilisé ces témoignages forcés ont
été trop souvent contradictoires et peu crédibles», poursuit le
juge en expliquant sa décision.

Bagdad fâché

Le gouvernement irakien a «déploré» cette décision, a affirmé
son porte-parole Ali Dabbagh dans un communiqué. Il a assuré que
les enquêtes menées par les autorités irakiennes indiquait sans
l'ombre d'un doute que les gardes étaient responsables de la mort
des civils irakiens.



Ces enquêtes «confirment de manière claire que les gardes de la
société Blackwater ont commis un crime et fait usage d'armes alors
qu'il n'existait aucune menace nécessitant un recours à la force»,
a-t-il affirmé.



Bagdad s'est dit déterminé à poursuivre la compagnie de sécurité
en justice. «Le gouvernement irakien a mis toutes ses institutions
au travail, le ministère des Affaires étrangères, celui de la
Justice et le département juridique du secrétariat du Conseil des
ministres pour préparer des poursuites contre cette compagnie», a
ajouté Ali Dabbagh.



«J'ai été vraiment stupéfaite de la décision», a déclaré la
ministre irakienne des droits de l'Homme Wejdane Mikhaïl. «Ce qui
s'est passé a été très mauvais car tant de personnes innocentes
sont mortes, des jeunes, des étudiants, tués par quelqu'un qui
aimait tirer sur des gens non armés».

Ex-Blackwater soulagé

Dans un communiqué, Xe Corporation (nouveau nom de Blackwater)
s'est félicitée de la décision du juge américain. "Depuis le début,
Xe soutient les centaines d'hommes courageux qui se sont mis
personnellement en danger afin de protéger les diplomates
américains à Bagdad et dans d'autres zones de combat en Irak", a
dit le chef de la firme, Joseph Yorio. Le commandant des forces
américaines en Irak, Ray Odierno, a dit craindre que la décision du
juge n'ait des répercussions sur l'ensemble des sociétés
privées.



Les cinq agents de Blackwater, âgés de 24 à 29 ans, avaient plaidé
non coupables au début de l'année des 35 chefs d'accusation dont
ils devaient répondre. Un sixième employé de Blackwater avait
plaidé coupable de tentative d'homicide en décembre. S'ils avaient
été reconnus coupables, les agents de Blackwater auraient encouru
jusqu'à dix ans de prison pour chaque homicide.



ats/bri

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Une affaire qui avait fait scandale

Le 16 septembre 2007, 17 civils irakiens non armés, selon le bilan de l'enquête irakienne, 14 selon celle des Etats-Unis, avaient trouvé la mort lors d'une fusillade survenue à un carrefour très fréquenté de l'ouest de Bagdad, au passage d'un convoi diplomatique américain escorté par des employés de Blackwater. Vingt personnes avaient été blessées.

Les témoins de la scène avaient assuré que les agents de sécurité avaient tiré sur des civils sans avoir été agressés.

Blackwater, la plus grande entreprise privée de sécurité utilisée par les Américains à Bagdad, a de son côté toujours affirmé que ses gardes avaient ouvert le feu en état de légitime défense.

A en croire le parquet fédéral, les agents «avaient délibérément l'intention de tuer ou de blesser des civils irakiens». En se basant sur des dépositions, ce même parquet affirmait qu'un des accusés avait dit à un de ses collègues qu'il voulait tuer des Irakiens «pour leur faire payer les attentats du 11-Septembre». Il se serait même vanté d'avoir tuer un nombre important d'Irakiens.

Un rapport mené par le département d'Etat en 2007 a conclu que le gouvernement américain ne surveillait pas suffisamment d'assez près les firmes privées auxquelles il sous-traite les tâches de protection de diplomates ou de surveillance de ses installations en Irak.

Avec ses convois sillonnant Bagdad à vive allure, ses gardes tirant en l'air pour se faire un passage dans les embouteillages et ses hélicoptères survolant sans cesse le ciel de Bagdad, la société Blackwater était devenue pour les Irakiens le symbole des agissements controversés des sociétés privées. La fusillade avait poussé Bagdad à annoncer la fin de la licence de Blackwater en Irak. Depuis la fusillade, l'entreprise a été rebaptisée Xe Corporation.