Dans le canton de Vaud, une initiative parlementaire est en cours sur la gratuité des transports publics et les Neuchâtelois se prononceront sur la question.
Au Luxembourg, cette mesure est déjà bientôt une réalité: elle entrera en vigueur en 2020 déjà. Une aubaine pour les hordes de pendulaires français, allemands et belges qui prennent le train tous les jours pour aller travailler au Grand-Duché.
"C'est une très bonne idée, cette gratuité, c'est génial. Cela devrait servir d'exemple, de modèle à l'UE, puisque le Luxembourg en fait partie", s'enthousiasme Régis, un pendulaire belge interrogé en gare de Luxembourg.
Soulager les petits revenus
"C'est la meilleure solution pour le Luxembourg, étant donné le flux de trafic, ici au Luxembourg, et tous les pendulaires. Avant, je venais aussi en voiture: je vois combien les routes sont bondées, chaque matin", renchérit Matthias, architecte allemand en partance pour Trèves.
Mais les usagers de la route vont-ils sauter dans les transports en commun? Le gouvernement luxembourgeois attend de voir. Et pour le ministre des Transports, l'écologiste François Bausch, l'objectif premier de la gratuité est de soulager les petits revenus, pas de décongestionner le trafic.
"En fait, c'est une mesure qu'il faut voir comme un corollaire à tous les investissements que l'on fait actuellement dans la qualité et dans l'offre des transports en commun. La gratuité, ce n'est pas l'élément déterminant, à mon avis, pour vraiment produire un effet de masse de transfert de gens qui utilisent les transports en commun par rapport à la mobilité individuelle", analyse-t-il.
Au profit des touristes?
Pourtant, si la gratuité est une idée populaire, elle ne convainc pas tout le monde au Luxembourg. Parmi les mécontents: les syndicats.
"Nous sommes carrément contre, parce que les conditions-cadres ne sont pas données. On ne savait pas, au début, ce qui se passe avec les contrôleurs de train, avec les guichets. On se demande pourquoi ça presse vraiment. On doit le faire déjà le 1er mars 2020", explique Georges Merenz, qui préside le premier syndicat des transports luxembourgeois.
À qui vont profiter ces transports publics gratuits, alors? Aux touristes, selon Georges Merenz. "Les frontaliers doivent toujours payer le trajet dans leur pays, ils vont avoir une diminution du prix, mais qui n'est pas vraiment énorme, parce que le ticket au Luxembourg n'est pas cher", estime-t-il.
Gros investissements promis
Antonia, une infirmière pendulaire qui habite en Lorraine, a fait le calcul: elle devrait économiser 300 euros par année. Mais elle s'interroge: "Je suis au Luxembourg depuis 2011, et en sept ans j'ai vu l'offre de services se dégrader d'année en année(...). Encore ce matin, je suis arrivée avec 20 minutes de retard à mon travail. Et ça, c'est du quotidien, pratiquement: 5, 10, 20 minutes…".
Le gouvernement promet aux usagers qu'ils verront bientôt la fin du tunnel, grâce à des investissements massifs dans les chemins de fer: presque 4 milliards d'euros d'ici 2027.
Guillaume Meyer/jvia