Le Conseil de l'Europe a appelé mardi la Russie à renforcer sa lutte contre les "discours de haine raciste et homo/transphobe" et à parfaire sa législation contre les discriminations. "L'intolérance du débat public reste incontestée et impunie" en Russie, déplore dans un rapport la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), l'un des organes du Conseil de l'Europe.
La commission constate que des "progrès ont été accomplis (...) dans la lutte contre les infractions motivées par la haine" et que "le nombre de meurtres racistes et les agressions à caractère néonazi ont reculé ces dernières années".
"Avant, la police avait tendance à regrouper ces actes sous l'étiquette d'hooliganisme", explique Christian Ahlund, l'un des auteurs du rapport. "Mais désormais, ils ont été formés pour identifier ces crimes précis, et cela a eu un effet positif."
Prévenir les tensions interethniques et religieuses
Autre avancée, la Russie a créé en 2015 une agence fédérale pour prévenir les tensions interethniques et religieuses.
En revanche, le pays ne possède toujours pas de législation complète contre la discrimination; il n'existe que des articles disséminés dans différents textes de loi: "Une législation complète permettrait de rendre clair quelle est l'attitude du gouvernement dans ce domaine et les mesures qu'il veut prendre. Cela permettrait aussi de mieux comprendre la nature et la portée de ces lois. Et cela faciliterait le travail des tribunaux", selon Christian Ahlund.
La communauté LGBT+ discriminée
Le tableau est sombre concernant les discriminations à l'égard de la communauté LGBT+: persécution en Tchétchénie, mineurs coupés de toute information en vertu de la loi contre la soi-disant "propagande homosexuelle".
Petite avancée toutefois pour les personnes transgenres: la procédure pour changer de sexe est désormais plus accessible.
Abus envers les minorités religieuses
Les minorités religieuses, elles, sont parfois victimes des abus de la loi contre l'extrémisme: c'est le cas notamment pour les témoins de Jehova.
Le rapport note enfin que dans le débat public, les propos de haine raciste et homophobe sont encore très présents et qu'il n'est pas rare qu'ils soient tenus par des responsables politiques ou des chefs religieux.
Sujet radio: Isabelle Cornaz
Adaptation web: Stéphanie Jaquet