En l'absence du prélat, la présidente du tribunal Brigitte Vernay l'a "déclaré coupable de non-dénonciation de mauvais traitements" envers un mineur dans son diocèse entre 2014 et 2015. Il s'agit d'abus imputés au père Bernard Preynat, qui n'a pas encore été jugé pour ces faits antérieurs à 1991.
Des choix "pour préserver l'institution"
Le jugement se révèle sévère à l'égard du cardinal: "Alors même que ses fonctions lui donnaient accès à toutes les informations et qu'il avait la capacité de les analyser et les communiquer utilement, Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l'institution à laquelle il appartient, de ne pas les transmettre à la justice", peut-on y lire.
"En voulant éviter le scandale, causé par les faits d'abus sexuels multiples commis par un prêtre, mais sans doute aussi par la mise au jour de décisions bien peu adéquates prises par les évêques qui le précédaient, Philippe Barbarin a préféré prendre le risque d'empêcher la découverte de très nombreuses victimes d'abus sexuels par la justice, et d'interdire l'expression de leur douleur", poursuit le jugement.
Pas de peine requise par le Ministère public
La procureure Charlotte Trabut n'avait pourtant pas requis de peine à l'encontre de l'archevêque, ni des cinq anciens membres du diocèse poursuivis avec lui, conformément à la décision initiale du parquet de classer l'affaire.
Pour ces derniers, le tribunal a considéré que les faits étaient soit pas constitués soit prescrits et n'a donc pas prononcé de condamnation à leur encontre.
>> Lire : Le parquet ne requiert pas de condamnation au procès du cardinal Barbarin
Mgr Barbarin devient ainsi le troisième évêque condamné en France pour des faits similaires, après deux autres en 2001 et en 2018.
afp/oang
Les avocats du prélat iront en appel
Les avocats de Philippe Barbarin ont immédiatement annoncé faire appel.
"La motivation du tribunal ne me convainc pas. Nous allons donc contester cette décision par toutes les voies de droit utiles", a indiqué Jean-Félix Luciani, en relevant qu'il "était difficile pour le tribunal de résister à une telle pression avec des documentaires, un film... Ça pose de vraies questions sur le respect de la Justice", a relevé l'avocat.
Pour Yves Sauvayre, l'un des avocats des parties civiles, "le souffle donné dans cette audience a eu des conséquences (...) La responsabilité et la culpabilité du cardinal ont été consacrés par ce jugement. C'est un symbole extraordinaire. Une grande émotion historique", a-t-il relevé.
L'un des plaignants, François Devaux, cofondateur de l'association de victimes La Parole libérée, a lui rapidement salué "une grande victoire pour la protection de l'enfance".