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Une cyberguerre russo-estonienne déclenchée

Nouveaux incidents à Tallinn avec la minorité russophone
Après les rues de Tallinn, le conflit envahit le web
Cyberguerre, cyberattaques, cyberterrorisme, des mots encore impensables il y a quelques années mais qui deviennent réalité. Vendredi, l'Estonie a accusé Moscou d'être à l'origine d'une vague d'attaques contre ses sites web.

Selon l'Estonie, la Russie aurait lancé une série de cyberattaques qui mettent hors service les réseaux internet d'administrations ou d'entreprises, en représailles au déplacement d'une statue à la gloire des soldats soviétiques. L'Otan prend l'affaire très au sérieux et vient d'ailleurs d'ouvrir une enquête.

Les cyberattaques qui touchent depuis plusieurs semaines les principaux sites internet estoniens sont "graves" et "concertées", a estimé vendredi un responsable de l'Otan qui a désigné des experts pour enquêter.

"Concerté" et "organisé"

"Nous pensons que c'est grave parce que ça a été concerté. Ce n'est clairement pas quelque chose que pourraient faire deux adolescents, quelle que soit leur motivation", a indiqué ce responsable. "Nous parlons de quelque chose de plutôt bien organisé", a-t-il ajouté, refusant de se prononcer sur le fait de savoir si ces attaques pouvaient être attribuées aux Russes.

"Ce n'est pas si facile en raison de la nature du cyberespace", a-t-il noté, ajoutant que la traque et l'identification des responsables n'étaient pas le but premier de l'enquête. "Notre but ultime est la protection", a-t-il souligné.

Fortes perturbations

Depuis la crise provoquée par le déplacement d'un monument à la gloire des soldats soviétiques à Tallinn, les principaux sites estoniens ont été la cible d'attaques régulières qui perturbent largement une société où l'utilisation quotidienne d'internet est parmi les plus avancées en Europe.

Les responsables estoniens, à commencer par le Premier ministre Andrus Ansip, ont mis en cause la Russie, après avoir découvert que certaines attaques provenaient de serveurs d'administrations russes et même des bureaux du président Vladimir Poutine.

Un nouveau terrorisme

L'Estonie a appelé l'UE et l'Otan à lutter bien plus fermement contre ce qu'elle considère comme une nouvelle forme de terrorisme. Le président estonien Toomas Hendrik Ilves a contacté le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer pour lui demandé de l'aide, a précisé vendredi le responsable de l'alliance atlantique.

Depuis, des experts de l'Otan sont en contact quotidien avec leurs homologues estoniens et un expert informatique de l'Alliance s'est rendu sur place pour évaluer la situation. Des experts estoniens sont venus à Bruxelles et des investigations sont également menées en ligne. "C'est un problème grave et nous allons le traiter comme tel, avec des contacts quotidiens", a ajouté le responsable.

agences/boi

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Un problème qui va prendre de l'ampleur

Le secrétaire d'Etat adjoint américain John Negroponte affirme vendredi dans le Financial Times que les cyberattaques contre des réseaux internet d'administrations ou d'entreprises risquent de se multiplier.

Le cyberterrorisme va prendre de l'importance "à mesure que ces technologies se répandent et que plus en plus d'acteurs seront impliqués dans les technologies de l'information", a relevé le responsable américain.

Les spécialistes estiment toutefois peu probable que des groupes terroristes comme Al-Qaïda se lancent à court terme dans la cyberattaque.

"Dans le cas du 11 septembre, l'impact réel est provenu des images et les attaques internet n'ont pas d'images", a précisé Maura Conway, enseignante à l'université de Dublin (Irlande) spécialisée dans le terrorisme et internet.

Des précédents connus

Le conflit entre l'Estonie et la Russie n'est pas le seul à avoir provoqué des hostilités cybernétiques.

Le litige entre la Chine et le Japon au sujet de livres scolaires japonais qui selon Pàkin minimisaient les crimes de guerre de l'Armée impériale nippone, avait déclenché en 2005 le lancement d'attaques via internet dans les deux sens.

Au Proche-Orient, une "cyber jihad" entre internautes israéliens et internautes palestiniens s'est installée au fil des développements politiques, les sites gouvernementaux israéliens étant notamment la cible de Palestiniens.