Le Traité de retrait de l'UE, conçu pour permettre une sortie en douceur du Royaume-Uni de l'Union européenne, a été largement recalé par 391 voix contre 242. La Chambre des Communes l'avait déjà rejeté massivement une première fois le 15 janvier.
Theresa May a dit "regretter profondément" cette décision. La voix cassée, la Première ministre a assuré une nouvelle fois qu'elle était convaincue que cet accord est le meilleur possible.
Désaveu cinglant pour Theresa May
Ce vote est un cinglant désaveu pour la Première ministre conservatrice qui a âprement négocié ce texte de près de 600 pages pendant de longs mois, et pose la question de sa survie à la tête de l'exécutif.
Et maintenant? Les députés voteront mercredi sur la possibilité de sortir de l'UE sans accord, un scénario particulièrement redouté par les milieux économiques. Theresa May a précisé qu'il n'y aurait pas de consigne de vote de la part du gouvernement.
Si cette option est exclue, le Parlement votera à nouveau jeudi, cette fois sur une proposition de report "limité" du Brexit. Les Vingt-Sept devront toutefois donner leur accord à l'unanimité et les dirigeants européens ont prévenu que toute demande en ce sens devrait être dûment justifiée.
Pas de troisième chance
Quant à lancer des discussions avec Bruxelles pour obtenir de nouveaux changements, la partie semble loin d'être gagnée. "Il n'y aura pas de troisième chance", a averti lundi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
"C'est cet accord ou le Brexit pourrait ne pas se produire du tout", a-t-il insisté.
Le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier a également prévenu mardi qu'il n'y aurait pas de période de transition, destinée à éviter une rupture brutale, après la date officielle du Brexit le 29 mars sans approbation de l'accord de retrait.
Mardi soir, après le vote, Michel Barnier a déclaré: "L'UE a fait tout ce qu'elle pouvait pour aider à faire adopter l'Accord de retrait. L'impasse ne peut être réglée qu'au Royaume-Uni. Nos préparatifs en vue d'un 'no deal' sont désormais plus importants que jamais."
En cas de "no deal", le Royaume-Uni mettrait fin, du jour au lendemain, à 46 ans d'appartenance à l'UE, quittant le marché unique et l'union douanière sans période de transition.
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Mise en garde
Déterminée à défendre ce texte jusqu'au bout, Theresa Mayavait pris la parole dans l'après-midi devant les députés en les mettant en garde contre les conséquences d'un rejet. "Les membres de cette Assemblée sont confrontés à un choix très clair: voter et soutenir cet accord (...) ou prendre le risque de ne pas conclure d'accord", avait-elle déclaré.
"Si l'accord n'est pas approuvé ce soir, le Brexit pourrait être perdu", avait-elle insisté, l'air fatigué et la voix enrouée, comme une métaphore des difficultés qu'elle rencontre dans ce processus d'une incroyable complexité, né du vote des Britanniques en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016.
Stéphanie Jaquet et les agences
La livre sterling se reprend légèrement
La livre sterling a réduit ses pertes mardi sur le marché des changes après le rejet par les députés britanniques de l'accord de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne conclu entre le gouvernement de Theresa May et les institutions de l'UE.
Quelques minutes plus tard, la devise britannique ne perdait que 0,25% face au dollar, contre plus de 0,7% avant l'annonce du résultat du scrutin, et 0,7% environ face à l'euro contre plus de 1%.
Réaction de Donald Tusk, président du Conseil européen
Le second rejet par la Chambre des Communes de l'accord de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne a "significativement accentué" le risque d'un Brexit sans accord, a regretté Preben Aamann, le porte-parole du président du Conseil européen, Donald Tusk.
"Nous regrettons l'issue du vote de ce soir", a réagi le porte-parole aussitôt connue la victoire des partisans d'un rejet de l'accord de retrait.
"Du côté de l'UE, nous avons fait tout ce qui est possible pour parvenir à un accord (...) Il est difficile de voir ce que nous pourrions faire d'autre. (...) A seulement 17 jours du 29 mars, le vote de ce jour a significativement accentué la probabilité d'un Brexit sans accord (...) S'il devait y avoir une demande raisonnée de la part du Royaume-Uni en faveur d'une extension (de la date du Brexit), les Vingt-Sept l'étudieraient et décideraient à l'unanimité", a-t-il ajouté.